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Voir et regarder
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 19 janvier 2020 10:36
- Écrit par L'invitée du dimanche
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Le sens de la vue, qui permet d’observer et d’analyser l’environnement au moyen de rayons lumineux, et qui permet de distinguer les couleurs, les formes, les reliefs des objets, vient tout de suite après celui de l’ouïe.
Comme on pouvait entendre sans écouter, on peut voir sans regarder !
Voir est l’aboutissement de l’action de regarder en tant que perception du monde extérieur, l’action n’aboutit pas à une perception exacte de la réalité.
Regarder, en tant qu’un acte conscient, est volontaire, et s’oppose à voir passif. La vue est un sens trompeur… on peut regarder un objet sans que celui-ci suscite un intérêt ou même soit perçu. Les yeux sont riches d’expression, de l’inquiétude à la haine, la pitié, la méchanceté, la sournoiserie, le mépris… et bien d’autres !
On peut « Regarder droit dans les yeux » « regarder par en dessous » « se regarder en face » « regarder à la dépense » « soutenir un regard » « regarder devant soi » « regarder son nombril »… on sait qu’il y a aussi des subtilités pour voir, du coin de l’œil, ou surveiller, mater, lorgner, fixer, fouiller, examiner, contempler, autant de richesses dans les perceptions de ce qui nous est donné dans l’univers.
Préhistoire ou Antiquité, l’homme a cherché à représenter ce qui lui était donné à voir, par la peinture, la sculpture, jusqu’à inventer la photographie en 1822 avec Niepce et Daguerre, puis le cinéma avec les frères Lumière en 1895, puis la télévision, cet œil ouvert sur le monde et enfin le Web, qui a fait de l’homme du XXIe siècle un chasseur d’images et souvent un voyeur !
Nous sommes plongés dans la civilisation de l’image, son essor accentue la prépondérance de la dimension visuelle dans la communication par la multiplication des écrans qui nous les délivrent, peut-être au détriment de la perception par les autres sens.
Que faisons-nous de tous ces regards qui nous sont transmis journellement, même quand ils sont des témoignages vivants de catastrophes, de crimes, d’injustices, savons-nous les voir de façon à ce qu’ils modifient notre conscience et nos actions ? Une image chasse l’autre, celle des prisonniers de Daesh dans des conditions inhumaines m’a bouleversée, mais le reportage suivant me l’a fait oublier…
Rappelons-nous que la vue est trompeuse et le regard subjectif, l’image porte avec elle le pire comme le meilleur. On peut la truquer, la détourner de son objet, mais aussi en faire un témoignage irréfutable de brutalité policière par exemple, et faire de nos smartphones un contre-pouvoir de plus !
Les réseaux sociaux encouragent à se faire voir en mettant en scène son quotidien, plus on a de clics, plus on a de chances d’être remarqué et d’être rémunéré par des sponsors… si tu n’es pas vu tu n’es rien ! C’est le degré zéro du regard !
Il n’existe pas de moyens de contrôle, cinéma, télévision ou Web, suffisamment efficaces pour assainir ce monde des images qui peut devenir un moyen privilégié de diffusion de mensonges, de propagande, ou de perversions multiples, mais peut-on imaginer un monde sans images ?
Pour finir, ne m’en veuillez pas d’avoir traité ce sujet par le petit bout de la lorgnette.
L’invitée du dimanche
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