La mouche
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 20 janvier 2020 10:37
- Écrit par Claude Séné
Mais quelle mouche a donc piqué le président de la République pour aller se montrer à une représentation théâtrale en plein conflit sur la réforme des retraites ? On ne peut évidemment pas lui demander de faire retraite, précisément, et de se cacher dans son bunker élyséen, mais était-ce vraiment nécessaire et urgent d’étaler sa suffisance et sa morgue en assistant à cette pièce, alors que les grévistes doivent se mettre la ceinture pour tenir le plus longtemps possible et que les usagers des transports le rendent responsable par son intransigeance des difficultés qu’ils rencontrent ?
Tant qu’à sortir, le couple présidentiel avait le choix. Il est allé voir la pièce tirée d’une nouvelle de Georges Langelaan, qui a déjà été adaptée au cinéma par David Cronenberg sous le même titre, La mouche. Détail piquant, dans la pièce, Robert vit avec sa mère, Odette, alors que chacun connaît la différence d’âge entre le président et son épouse, mais ce n’est pas le sujet. Robert est un scientifique à la fois génial et raté puisqu’il tente des expériences plus ou moins réussies pour se téléporter. Si Emmanuel Macron avait disposé de ce super pouvoir, il est probable qu’il l’aurait utilisé pour partir discrètement du théâtre des Bouffes du Nord lorsque sont parvenues les rumeurs de manifestations hostiles à son égard. Cela aurait épargné le ridicule de l’interpellation d’un journaliste présent dans la salle dont le seul tort semble avoir été de signaler la présence présidentielle. Il est d’ailleurs toujours placé sous le statut de « témoin assisté » puisqu’aucun juge n’a jugé possible de le placer en garde à vue et encore moins de le poursuivre. Témoin de quoi ? Mystère ! Et surtout, le président aurait évité les huées à sa sortie du théâtre sous bonne escorte.
Pour poursuivre la parabole jusqu’au bout, il est à noter que dans le film, un incident amène le héros à se transformer progressivement en mouche, dont l’ordinateur a confondu la structure moléculaire avec celle de l’humain au cours de la téléportation. Et c’est là que cela devient intéressant. Nous avons commencé à connaître Emmanuel Macron sous l’apparence d’un jeune homme brillant, assez proche des idées progressistes malgré des influences plutôt traditionalistes, et petit à petit il se transforme en un être hybride, entêté jusqu’à l’autoritarisme, qui détricote minutieusement tout le tissu social pour dépouiller les plus faibles au profit des « premiers de cordée », réforme après réforme, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à tondre. Et malgré les dommages permanents qu’il inflige à la population, il s’étonne de ne pas être aimé. À ce professeur venu l’interpeler sur la réforme catastrophique des régimes de retraite, notamment pour les enseignants, il rétorque qu’il n’est pas « sympathique » ! Ben, non. On n’est pas sympa. Et puis quoi encore ?
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