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Faute avouée
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 18 janvier 2020 10:12
- Écrit par Claude Séné
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Est à moitié pardonnée, si l’on en croit la sagesse populaire. Au cours de son procès, qui vient de s’achever, Bernard Preynat a reconnu les faits qui lui sont reprochés, y compris les crimes de pédocriminalité prescrits pour lesquels la justice des hommes ne peut plus le condamner. Ce qui a frappé les observateurs présents au procès, c’est l’absence d’émotion avec laquelle l’ancien prêtre, chef scout, a admis les attouchements réguliers et les agressions sexuelles auxquels il s’est livré en toute impunité durant toute sa « carrière ».
Le père Preynat se considère visiblement comme un malade, victime de sa passion coupable pour les jeunes garçons, et ne semble pas avoir pris la mesure du tort irréparable qu’il leur a causé. Le péché originel de l’église à l’égard d’un criminel tel que lui est de lui promettre le pardon de ses fautes et la rémission de ses péchés. Car il lui manque une dimension essentielle, si l’on adopte le point de vue de la religion catholique, et c’est la contrition. Le père Preynat ne semble avoir aucun regret. La hiérarchie ecclésiastique a certes failli en ne l’éloignant pas des enfants dont il ne pouvait manifestement pas avoir la responsabilité, compte tenu de ses errements, mais il n’a pas non plus pris de lui-même les décisions qui auraient mis fin à cette situation. La religion catholique promet à chaque pêcheur la rédemption, sous la seule condition qu’il avoue ses fautes au cours de la confession, qu’il les regrette sincèrement, et enfin qu’il tente de les réparer, soit en réalité si cela est possible, soit symboliquement par le truchement d’une expiation, d’une peine décidée par le confesseur, la pénitence, destinée à le faire réfléchir et à trouver la voie de son amendement.
Du point de vue de la loi, les agissements de Bernard Preynat sont passibles d’un emprisonnement, 8 ans fermes ont été requis contre lui, et d’une forte amende. La hiérarchie catholique, et notamment le cardinal Barbarin, est poursuivie pour non-dénonciation de crimes, et le jugement est en délibéré. Les condamnations attendues seront une reconnaissance des souffrances des victimes, et c’est déjà mieux que rien. Restera l’ambiguïté de la doctrine religieuse, qui peut être considérée comme complice en ne sanctionnant pas elle-même ceux qui sont de toute évidence des brebis galeuses, ni même en ne les protégeant pas d’eux-mêmes en les écartant du troupeau. Cette dérive ecclésiastique ne date pas d’hier. Elle a connu une sorte d’apothéose lorsque la papauté a inventé les indulgences, qui permettaient d’acheter son salut éternel, en échange d’un don en espèces sonnantes et trébuchantes, indulgence partielle ou totale selon la gravité. Dans le cas de Bernard Preynat, l’indulgence coupable de l’église a permis à ce prédateur sexuel de poursuivre ses funestes activités et de causer encore plus de dommages irrémédiables.