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C’est un peu court, jeune homme
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 1 janvier 2020 10:27
- Écrit par Claude Séné
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Un président ne devrait pas dire certaines choses. François Hollande a payé pour le savoir. Le livre d’entretien qu’il a laissé publier lui a probablement coûté sa réélection, au moins sa candidature, en raison d’une trop grande franchise, un luxe que ne peuvent se permettre les politiques qu’après avoir quitté le pouvoir. Jacques Chirac, à la fin de son mandat, semblait appliquer le principe de l’immobilisme doublé du mutisme. Les Guignols lui faisaient dire : « si je bouge une oreille, je suis mort ! » La cérémonie des vœux présidentiels est donc une épreuve difficile.
L’exercice consiste à parler, certes, mais surtout à s’appliquer à ne rien dire. Un peu comme dans les films américains : « tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous ». Dans ce contexte, le plus court est le meilleur. Mon père avait coutume de dire que les plaisanteries les plus courtes sont les moins longues. Emmanuel Macron a un problème avec ça : il ne sait pas faire court. Les débats interminables organisés pour défendre ses précédentes réformes en témoignent. Les vœux pour 2020 n’ont pas fait exception à la règle selon laquelle « ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule », qui est vraiment du Audiard dans le texte, contrairement à sa citation fautive du « y’en a qui ont essayé » de Régis et Laspallès. Le président n’a évidemment pas raté l’occasion de se féliciter de son action, se livrant à un habituel plaidoyer « pro domo », tout en soulignant les difficultés auxquelles le pays a été confronté et qu’il a fallu surmonter. Puis il a tenté de tracer un chemin de rassemblement, dans lequel les Français, au-delà de leurs différences, pourraient se retrouver. Il faut bien le reconnaître, la plupart de ses vœux ne sont en réalité que des vœux pieux.
Personnellement, ils me font penser au souhait ironique de Coluche quand il déclarait : « je voudrais que mon pays serait un pays libre ». Le président aurait pu dire bien des choses en somme. Par exemple : « je vous ai compris », comme De Gaulle en 1958, car, après tout, le général n’avait pas plus compris la foule qui souhaitait conserver l’Algérie dans l’empire colonial français alors qu’il savait qu’il faudrait s’en séparer dans les années à venir, qu’Emmanuel Macron face aux aspirations d’un peuple qui ne souhaite rien tant que de conserver ses maigres acquis conquis de haute lutte. Il aurait surtout pu annoncer un moratoire ou un retrait pur et simple de sa réforme des retraites qui a mis les Français dans la rue et provoqué une nouvelle fracture de la société. Bonne année 2020 quand même !
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