Citoyenneté

Tous les citoyens français sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres. On s’interroge par exemple sur la notion de « soutien » qui est accordée à Carlos Ghosn, y compris dans sa fuite au Liban en violation de la législation japonaise, comme à tout autre citoyen français. Voire. La situation de l’ancien PDG du groupe Renault-Nissan est très loin de celle qui est subie en ce moment même par d’autres ressortissants français, notamment les deux chercheurs retenus en Iran depuis 6 mois et accusés d’espionnage par les autorités locales.

Encore faut-il observer que la France est là en présence d’un interlocuteur identifié, avec lequel il devrait être possible de négocier, à condition d’en avoir la ferme détermination. Ce n’est pas le cas pour Sophie Pétronin, toujours otage au Sahel depuis 3 ans, pour laquelle la famille n’a plus de nouvelles et qui semble avoir été « oubliée » par le gouvernement français. Malgré de belles déclarations d’intention : « la France n’abandonne jamais ses enfants », avait indiqué Emmanuel Macron au Mali en mai dernier, rien ne semble bouger, ni sur le plan diplomatique ni sur le terrain militaire, où la France aurait pourtant des possibilités au minimum de renseignement, puisqu’elle contrôle la région. La santé de cette médecin humanitaire septuagénaire est très préoccupante et aucune preuve de vie n’a été fournie depuis novembre 2018. Il faut croire que la situation de Carlos Ghosn est plus importante, bien qu’il ne semble pas courir de risque vital, tout au plus de subir les effets d’une législation en vigueur dans un état souverain. La France a déjà pu obtenir des aménagements pour certains de ses ressortissants, une fois la peine prononcée : Florence Cassez au Mexique ou les zozos de l’Arche de Zoé au Tchad.

Il existe une autre catégorie de citoyens français dont le gouvernement actuel se serait bien passé : ce sont les djihadistes et leurs familles, dont beaucoup souhaiteraient revenir au pays, maintenant que leur état terroriste s’est liquéfié dans le désert. Plus question de soutien pour ces enfants perdus de la république. La doctrine officielle veut que les ressortissants français soient jugés sur place pour les actes qu’ils ont commis, au nom de grands et beaux principes démocratiques sur le papier, mais surtout parce que l’état français ne sait pas quoi en faire. Malheureusement, les pays concernés ne souhaitent pas dépenser d’argent pour juger les étrangers et les emprisonner. Ils risquent de tout bonnement les libérer et les inciter à repartir comme ils sont venus. La politique de l’autruche va donc probablement faire long feu et la France sera bien obligée, maintenant ou plus tard, de traiter ce problème épineux.