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Excusez-moi de vous déranger
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 30 décembre 2019 10:36
- Écrit par Claude Séné
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Le mouvement de protestation contre le projet de réforme des retraites va bientôt passer le cap du premier mois, battant au passage plusieurs « records » de durée, notamment celui de 1995 qui a vu le retrait de la loi Juppé. La grève touche essentiellement le secteur du transport et la région parisienne, où elle a causé de nombreux dérangements. Au point que les fédérations d’usagers des transports en commun, gênées aux entournures par un conflit qui pénalise ses adhérents, mais dont elles sentent que leur base ne les condamne pas unanimement, ont cherché des échappatoires pour trouver des solutions acceptables par tous.
Jean-Claude Delarue, président de la Fédération des usagers des transports et des services publics avance ainsi la proposition d’une action « gratuité ». Les trains et les métros rouleraient, mais les contrôleurs ne verbaliseraient pas les clients invités à ne pas acheter de billets. Le seul acteur pénalisé serait l’entreprise de transport, SNCF, RATP ou autre. Le manque à gagner serait selon lui un levier puissant pour faire pression sur le gouvernement, sans déranger les usagers. Sans exclure cette forme d’action, parmi d’autres, force est de constater qu’un mouvement qui ne dérange personne est en France, traité comme quantité négligeable, encore plus que lorsqu’il crée une forme de « bordel », selon la formule employée par le secrétaire de la CGT. Il suffit de regarder le peu de considération de la ministre de la Santé à l’égard des urgentistes. Plus de la moitié des services d’urgences se sont déclarés grévistes depuis le début du mouvement, en mars 2019, mais ils ont continué à soigner et à accueillir le public. Le résultat est malheureusement celui qui était prévisible : des mesurettes, un saupoudrage de crédits notoirement insuffisants, et un budget très en deçà de ce qui serait le strict nécessaire pour ne pas aggraver la situation de l’hôpital public.
De la même façon, le mouvement des gilets jaunes a été snobé par le gouvernement, et continue à l’être plus d’un an après son démarrage. Pire encore, il n’a commencé à être en partie reconnu que grâce, ou à cause des débordements et de la casse qui ont entouré les manifestations. Le résultat est catastrophique : il accrédite l’idée que si une manifestation reste pacifique et non violente, le gouvernement s’en moque totalement et ne tient pas le moindre compte des revendications exprimées. À l’inverse, cela démontre que la violence paye, puisque le Président de la République a « cédé », peu et mal, certes, à côté de la plaque, c’est vrai, mais il a lâché des milliards dont on ne soupçonnait même pas l’existence, démontrant au passage que des marges de manœuvre existent dans un état qui oppose toujours l’équilibre de ses finances à tout progrès social.