Les « experts »
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 25 décembre 2019 10:31
- Écrit par Claude Séné
Vous avez remarqué ? De la même façon que l’on ne saurait pratiquer la moindre activité qu’elle soit sportive, artistique ou de simple loisir sans le précieux concours d’un « coach », un spécialiste qui vous guidera dans votre démarche et vous soutiendra dans votre motivation, les plateaux de télévision ne peuvent plus se passer de la présence d’experts en tous genres pour illustrer le propos, le commenter et nous offrir un « prêt-à-penser » prédigéré, notamment en matière de politique.
Cette vogue s’est largement développée avec l’inflation de chaînes entièrement dédiées à l’information, qui ont pris le relai des reportages et des débats proposés par les chaînes généralistes, les émissions strictement politiques ayant presque disparu de l’antenne, hors périodes électorales. La présence de ces experts a été justifiée par la séparation traditionnelle des faits et du commentaire, chère au journalisme à l’ancienne. Il y aurait, d’un côté, l’objectivité des constats, sur lesquels tout le monde pourrait se mettre d’accord, et de l’autre, leur interprétation, soumise à la subjectivité du commentateur, mais bien identifiée comme telle. Le téléspectateur ou le lecteur pouvant se forger sa propre opinion à la lumière d’un ou plusieurs éclairages. Mais ça, c’était avant, à l’âge de pierre de l’information. Quand un éditorialiste s’exprimait, en son nom propre ou celui de sa publication, ce qui revenait au même, tout le monde savait de quelle place il parlait. Le rédacteur en chef de l’Humanité relayait les propositions du parti communiste, celui de La Croix, le lobby catholique, etc.
Cette catégorie de journalistes existe encore, par exemple, Bruno Jeudy, de Paris Match ou Yves Thréard, du Figaro, qui ne font pas mystère des idées pour lesquelles ils roulent, mais les chaînes d’information continue se sont attachés les services de « journalistes » qui se disent indépendants et affichent une forme d’impartialité sinon d’objectivité au nom de laquelle ils prétendent se placer au-dessus de la mêlée et détenir une vérité « pure » de toute interprétation personnelle. Ils s’appuient d’ailleurs souvent sur des chiffres, qui, comme chacun sait, ne mentent pas, bien qu’on puisse leur faire dire ce que l’on veut, quand ils ne sont pas sondeurs eux-mêmes. Les animateurs des pseudo-débats leur donnent en général le mot de la fin pour éviter de paraître favoriser un parti ou un autre. La plupart du temps, leurs propos tentent de ménager la chèvre et le chou, mais sont globalement favorables au pouvoir en place, quel qu’il soit. Quant aux matinaliers, considérés comme les plus pugnaces, ils ont à cœur de justifier leur réputation en tapant le plus fort possible sur leurs invités, de quelque bord qu’ils proviennent, pour ne pas être accusés de connivence. Vous voulez mon avis ? Continuez à me lire. Je suis certes de mauvaise foi, mais au moins, je ne m’en cache pas.
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