Quand un despote…

Rencontre un autre despote, qu’est-ce qu’ils se racontent ? … des histoires de despotes ! et qu’est-ce qui intéresse au premier chef les dirigeants des grandes puissances telles que la Chine ou la Russie, ou leur allié qui aspire à le devenir, la Corée du Nord, sinon la manière de se maintenir au pouvoir ? C’est pourquoi le dialogue informel entre Vladimir Poutine et Xi Jinping en attendant le début de la parade militaire XXL organisée à Pékin pour impressionner Donald Trump et les pays occidentaux en général, a revêtu un caractère exemplaire en démontrant que l’un et l’autre espéraient bénéficier d’une longévité maximale, et peut-être confiner à l’immortalité.

La menace est réelle. L’un comme l’autre a fait adopter une révision de leurs constitutions respectives qui lui permet de se maintenir indéfiniment au pouvoir, la seule limite étant de rester en vie et en capacité physique d’exercer ses privilèges, grâce aux progrès de la science et de la médecine. De quoi battre en brèche une affirmation d’Astolphe de Custine au 19e siècle, décrivant le gouvernement russe comme « une monarchie absolue tempérée par l’assassinat ». Cette régulation « naturelle », illustrée par des meurtres touchant les Tsars ou leur famille, a, semble-t’il, cédé devant la méfiance des tyrans modernes tels que Poutine. Au contraire, l’autocrate russe n’hésite pas à éliminer physiquement ses adversaires tels que Prigogine, ou à occuper les territoires incapables de s’opposer à lui, comme la Géorgie ou s’il le peut l’Ukraine.

Donald Trump a ménagé Vladimir Poutine, tout en essayant de le marginaliser. Il ne peut que constater l’échec de sa stratégie à l’occasion de ce sommet de l’organisation de coopération de Shanghai qui a réuni 10 pays représentant près de la moitié de la population mondiale et presque le quart du PIB. En sanctionnant l’Inde par des droits de douane de 50 %, Trump a favorisé involontairement un rapprochement de Narendra Modi avec Xi Jinping, et cristallisé un front commun anti-occidental qui pourrait, à terme, se révéler dangereux pour les visées hégémoniques des États-Unis. Depuis que les principaux dirigeants des pays vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale se sont partagé le monde à la conférence de Yalta, les rapports de force n’ont cessé de fluctuer, mais l’élément déterminant reste la chute de l’empire soviétique, symbolisée par la dislocation du rideau de fer et la démolition du mur de Berlin suivies de la réunification de l’Allemagne. Après le glacis de la guerre froide, un nouvel ordre mondial a semblé pouvoir s’instaurer, mais l’équilibre fragile de la dissuasion nucléaire fait craindre un déclenchement « accidentel » d’un nouveau conflit mondial. La longévité annoncée des dictateurs de tout poil fait craindre le pire avec une dégradation de la santé mentale au profit d’une santé physique purement organique.