
Constat amiable
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 1 septembre 2025 10:50
- Écrit par Claude Séné

Malgré les prises de position très claires des différents partis d’opposition qui ont annoncé leur décision de ne pas voter la confiance au gouvernement de François Bayrou le 8 septembre prochain, le Premier ministre continue d’entretenir un scénario de pure fiction dans lequel il pourrait faire adopter son budget pour 2026 en escomptant je ne sais quel miracle qui ouvrirait les yeux des députés et les rallierait à son projet. Tout au contraire, les partis qui sont supposés le soutenir ont pris grand soin de préciser que leur vote positif éventuel ne signifierait pas approbation totale et inconditionnelle de l’intégralité des mesures envisagées par François Bayrou, et notamment la suppression des deux jours fériés.
Pour argumenter ses positions, le Premier ministre annonce vouloir faire « de la pédagogie », ce qui, dans son esprit, semble vouloir dire que les Français ne sont certes pas bêtes, mais qu’il faut leur expliquer longtemps. Selon lui, il y aurait la possibilité de s’accorder sur un constat objectif de la situation économique de la France, qu’il présente comme catastrophique, comme si la coalition à laquelle il appartient n’avait pas exercé le pouvoir depuis 2017, mais passons. Le budget 2026 devrait donc permettre de dégager 44 milliards d’économies, 30 milliards en rognant sur les dépenses publiques, en pratique l’Enseignement, la Santé et les services publics en général, et 14 milliards sur les recettes, sans augmenter les impôts, naturellement. Ce mode de calcul est loin de faire l’unanimité, y compris chez les économistes eux-mêmes, selon leurs grilles de lecture. La Commission européenne retient plutôt les chiffres de 15 milliards d’économies réelles et 6 milliards de recettes supplémentaires effectives, soit environ 21 milliards contre 44 milliards annoncés.
Le mythe d’un constat irréfutable qui s’impose à tous vole en éclats, au profit de l’émission d’hypothèses, de choix politiques, supposés répondre aux besoins et aux aspirations des Français. D’ailleurs, le constat dit « amiable » utilisé dans les accidents de la route, s’il permet de régler une bonne partie des litiges entre les parties, est lui-même conçu pour enregistrer aussi bien les désaccords que les faits non contestés. De même dans un divorce à l’amiable, ou par consentement mutuel, le mot le plus important, c’est « divorce ». Pour revenir au budget, le gouvernement de François Bayrou, en acceptant de négocier les détails sans s’attaquer à la philosophie doctrinaire qui régit la politique d’Emmanuel Macron depuis son élection, pratique maladroitement l’enfumage. Il désigne successivement des boucs émissaires : les « boomers », les retraités, les chômeurs, les étrangers, les malades, qui seraient responsables du déficit qu’il a lui-même contribué à créer. Pendant ce temps, le Sénat, qui n’est pourtant pas suspect d’être un repaire de gauchistes, évalue entre 200 et 400 milliards les aides accordées aux entreprises sans réel contrôle ou contrepartie, tout en bloquant la taxe Zucman adoptée par les députés.