Polémique

Depuis quelques jours, la montée persistante du Front national dans les sondages a exacerbé les rivalités entre le Parti socialiste et l’UMP. Le résultat de la législative partielle du Doubs, où le PS l’emporte d’une courte tête, a fait dire à Sarkozy qu’il y avait une alliance objective avec le FN, contre toute évidence, ce qu’il a voulu symboliser par la formule FNPS. Un slogan qui a fait long feu, deux Français sur trois ne comprenant pas ce qu’il voulait dire. François Hollande, de son côté, a parlé d’arracher les électeurs au Front national, une expression qui n’est pas non plus des plus heureuses, mais qui illustre la crainte d’une défaite historique aux élections départementales.

 

C’est dans ce contexte qu’il faut apprécier la sortie du député-maire UMP de Tourcoing, Gérald Darmanin, qui s’interrogeait mardi sur le plateau de LCI. Qui est responsable de la montée du Front national selon lui ? Pas le président de la République, pas le premier ministre. Allez, je vous aide un peu, la cible préférée de l’opposition, au hasard, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, qu’il accuse d’être un tract ambulant en faveur du FN. Il ne pouvait ignorer que cette sortie lui attirerait les critiques de l’ensemble de la gauche et probablement une réponse de l’intéressée, qui n’a pas la langue dans sa poche, bien qu’elle s’abstienne le plus souvent de répliquer aux attaques dont elle est régulièrement l’objet.

En l’occurrence, la bergère a répondu au berger en déplorant l’indigence de sa pensée, entre autres épithètes peu flatteuses. Et selon un processus bien rôdé, c’est elle qui est accusée de mettre de l’huile sur le feu. Ces affaires se déroulent toujours de la même façon. Ça commence par une provocation, une attaque en règle. Et si la victime a le mauvais goût de réagir, elle devient instantanément la fautrice de trouble. Cela ne vole pas plus haut que la cour de récréation.

Le fond de l’affaire, c’est que l’UMP, tout en se défendant de ne passer aucun accord avec le Front national, ne peut l’emporter qu’en débauchant une partie de cet électorat et que Sarkozy a fait campagne en flattant les opinions d’extrême droite. Dans sa stratégie, Gérald Darmanin est chargé d’attirer les anciens ou actuels frontistes en prenant des positions outrancières, quitte à se poser en victime innocente quand il se fait reprendre. Nous en verrons les résultats.