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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 5 décembre 2019 10:27
- Écrit par Claude Séné
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Croyez-moi ou non, j’ai longuement réfléchi avant de me décider à écrire cette chronique. Après tout, par solidarité avec tous ceux qui vont cesser le travail, j’aurais pu me contenter d’écrire, comme Louis croix vé bâton dans son journal intime le 14 juillet 1789 : « rien ! ». D’un point de vue purement égoïste, la seule crainte que je puisse avoir pour la suite de mes vieux jours, ce serait un effondrement de la France sur elle-même, qui la mettrait en état de faillite et dans l’incapacité de faire face à ses engagements.
Nous n’en sommes pas encore là, malgré les efforts de ceux qui croient détenir la vérité en prônant la société du chacun pour soi. J’ai donc décidé de me mettre en grève, mais par égard envers mes lecteurs, je me suis immédiatement autoréquisitionné, et je me suis muni d’un brassard de gréviste pour écrire ce que vous êtes en train de lire. Je le précise, parce que, naturellement, la différence est difficile à voir à l’œil nu, de la même façon que les urgentistes en grève depuis belle lurette désormais ont continué à dispenser des soins de qualité. Et donc, je suis en train de faire ce que Bruno Retailleau, ci-devant président du groupe Les républicains au Sénat, et Chouan s’il en est devant l’éternel, appelle de ses vœux : une grève invisible. Ou comment vider un droit constitutionnel de toute signification ? Il ne vous aura pas échappé que si un mouvement social ne gêne personne, il n’a aucune chance d’être pris en compte par le pouvoir. Pire encore, les soubresauts des manifestations dans notre histoire sociale récente, démontrent à l’envi que seule la violence est capable d’attirer l’attention de nos dirigeants et les forcer à faire des concessions.
Je me fais donc violence en « travaillant », tout en vaquant à mes occupations, sans pour autant me mettre en vacances. Je me comprends. Tant que je suis là, je signale des enquêtes d’opinion fort intéressantes sur le sujet qui nous occupe : deux Français sur trois environ soutiennent le mouvement social et ils ne sont que 30 % à se dire d’accord avec la politique gouvernementale. Quand on se gargarise à longueur de journée de démocratie et de mise en œuvre d’un programme qui aurait été approuvé par les Français, ça devrait calmer. D’ailleurs, ces démocrates sincères qui nous gouvernent se gardent bien de soumettre la réforme des retraites à une consultation populaire, qui serait le moyen irréfutable de trancher le débat, car ils ne savent que trop bien qu’ils sont minoritaires dans le pays. Bon, j’ai atteint le minimum syndical pour cette chronique et vous donne donc rendez-vous demain, même lieu, même heure, même pomme.