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Au pain sec et à l’eau
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 18 septembre 2019 10:43
- Écrit par Claude Séné
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Cette locution proverbiale était à l’origine utilisée pour désigner une forme de pénitence religieuse. Les moines ou les personnes très pieuses se mortifiaient de la sorte pendant la période du carême notamment, afin d’expier leurs péchés ou d’acquérir des indulgences. D’un point de vue symbolique, la menace de cette sanction suffisait souvent à dompter un enfant récalcitrant et le faire rentrer dans le droit chemin. On imaginerait que ce procédé d’un autre âge doit avoir disparu avec les châtiments corporels, désormais interdits, mais l’exemple de la cantine de Saint-Pourçain-sur-Sioule en apporte un démenti retentissant.
C’est en effet la punition décidée par le Maire à l’égard de deux élèves de l’école primaire scolarisés en CE2 et CM1, dont les parents n’avaient pas réglé la cantine malgré plusieurs rappels. Les deux gamins ont été mis à part « pour ne pas les humilier » le 9 septembre et on leur a servi, en guise de déjeuner, uniquement « du pain frais et de l’eau ». Monsieur le Maire a réalisé, mais un peu tard, qu’il avait commis une terrible erreur, dont ses adversaires politiques allaient se saisir « avec gourmandise » (sic !) dans la prochaine campagne municipale. On ne sait pas s’il a juré qu’on ne l’y reprendrait plus, mais les électeurs pourraient en effet décider à sa place qu’il ferait mieux de passer la main. Selon certaines informations, l’arriéré de cantine se montait pour cette famille à 143 euros, alors que la municipalité parlait de plusieurs centaines d’euros. Dans un cas comme dans l’autre, les sommes en jeu sont insignifiantes à l’échelle d’un budget municipal. Déjà, le repas à la cantine de Saint-Pourçain-sur-Sioule est facturé 2,50 euros à la famille, ce qui est manifestement inférieur à son coût de revient. Ne serait-il pas plus simple de proposer la gratuité, au moins en ce qui concerne les familles les plus pauvres ?
Ce procédé discriminatoire est en violation flagrante de la Convention internationale des droits de l’enfant. Les enfants n’ont pas à payer pour les litiges opposant les adultes, qui devraient être capables de trouver des solutions pour des cas aussi simples. Alors que le moindre voyageur gêné dans ses déplacements du fait d’un mouvement de grève se plaint d’être pris en otage, pour le coup, la municipalité a réellement conditionné son accueil des enfants concernés au règlement des sommes dues. Ce type de sanctions humiliantes revient régulièrement dans l’actualité, que ce soit pour des questions d’impayés ou de menu de substitution pour les enfants musulmans. On m’a inculqué l’idée que l’on ne joue pas avec la nourriture. Certains adultes ne l’ont manifestement pas intégrée.
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