Le roi de la galette

Et aussi de la boulette, c’est lui. Emmanuel Macron ne se contente pas de défendre les intérêts de la finance et des privilégiés qui l’ont porté au pouvoir, il continue à distiller les petites phrases qui attisent les rancunes et les rancœurs sociales en pleine crise des gilets jaunes, comme autant de provocations qui témoignent à la fois de son orgueil démesuré et du mépris dans lequel il tient la plupart des Français. En louant devant les boulangers « le sens de l’effort » qu’auraient perdu nos concitoyens, il sous-entend une nouvelle fois que les Français seraient des fainéants et que ce qui leur arrive serait de leur faute.

Et il enfonce le clou en opposant ceux qui réclament des droits à ceux qui pensent d’abord à leurs devoirs en établissant un lien entre ces deux valeurs au nom d’une morale destinée à maintenir les inégalités. L'élève des jésuites qu’il est ne peut ignorer que les puissants n’ont nul besoin de réclamer des droits puisqu’ils en bénéficient déjà et qu’ils sont aux premières loges pour obtenir de nouveaux privilèges sans même avoir besoin de les demander. À l’inverse, ceux qui cherchent vainement du travail savent pertinemment qu’il n’y en aura pas pour tout le monde et que la seule façon d’en obtenir c’est de remporter la compétition sociale organisée entre les citoyens et où chacun ne part pas avec les mêmes chances. Pour ceux qui en douteraient, il suffit d’observer les nouvelles règles instaurées pour le contrôle des chômeurs dans le but de dégonfler les statistiques. Il n’y aurait que des tire-au-flanc et tous les prétextes sont bons pour leur ôter le peu qui ont encore. Sans leurs maigres droits, que leur resterait-il pour boucler les fins de mois ? Quant à leurs devoirs, ils sont au courant, merci. Obligation de pointer, obligation de recherche « active » de travail, obligation de suivre des formations-parking, etc.

Quand l’école met sur la même ligne de départ, éclopés, malingres et futurs champions du 100 mètres, on peut toujours parler d’égalité des chances, elle reste toute théorique. Il ne reste plus qu’à faire sanctionner les parents des « décrocheurs » par l’adjudant de service promu ministre de l’Éducation, en tapant au portefeuille par le biais des allocations familiales ceux qui sont déjà les plus défavorisés. C’est ça la société rêvée par le petit Emmanuel, qui, né coiffé, n’a pas la moindre idée de la vie quotidienne de ceux qui n’ont pas eu sa chance ? Je suis désolé, mais la Constitution, qu’il est censé protéger, s’appuie bel et bien sur les droits, seuls capables de faire rempart contre l’injustice.