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Blasphème
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 29 décembre 2018 10:58
- Écrit par Claude Séné
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En Italie, il est plus répréhensible de s’en prendre à Dieu qu’aux hommes, notamment sur un terrain de football. C’est ainsi qu’en juin dernier, un joueur a été suspendu pour le match suivant parce qu’il avait « insulté la Vierge Marie et comparé Dieu à un chien ». Des propos blasphématoires, donc, réprimés par la Ligue de football et aussi par la loi italienne. En revanche, les soi-disant supporters de l’Inter de Milan ont pu en toute impunité mercredi dernier insulter un joueur de l’équipe de Naples, un Franco-Sénégalais noir, en vociférant et en imitant des cris de singe pour le déstabiliser.
Ce n’est malheureusement pas un fait isolé. Certains stades sont particulièrement réputés pour leurs manifestations d’un racisme ordinaire, tels que celui de Rome notamment où la présence de mouvements fascisants est avérée et n’est sans doute pas sans rapport avec cette idéologie nauséabonde. Nous aurions d’ailleurs grand tort de prendre de haut nos voisins transalpins, car le mal funeste de l’intolérance et du racisme ne connait pas de frontières. Des joueurs aussi reconnus que Basile Boli à Marseille, il y a déjà longtemps, ont eux aussi été victimes d’injures de cette nature en leur temps. À Milan, l’arbitre, qui aurait pu et aurait dû interrompre le match pour mettre fin à ces incidents ignominieux, a toléré ces manifestations, sans donner suite aux demandes du joueur et celles de l’entraîneur de l’équipe visiteuse. Pire encore, il a donné raison aux agresseurs en infligeant deux cartons jaunes successifs à Kalidou Koulibaly, poussé à bout et perdant son sang-froid, synonymes d’exclusion. Ce fléau, qui se perpétue toutes les semaines malgré les campagnes de sensibilisation régulières animées par les meilleurs joueurs du monde, ne connait pas de fléchissement. Le club de Milan ne sera sanctionné que de deux matches à huis clos. La seule solution serait évidemment d’interdire de stade tous les voyous déguisés en supporters, comme l’Angleterre a su le faire pour juguler le hooliganisme.
Mais la société est plus sévère et plus prompte à sévir contre les atteintes aux dieux que contre celles qui touchent les hommes. Pour la petite histoire, sachez que personne, à part peut-être ses coéquipiers ou adversaires sur le terrain, n’a entendu les paroles reprochées à Rolando Mandragora. Il a fallu qu’un expert lise sur ses lèvres sur une vidéo du match, pour établir avec certitude qu’il s’était en effet rendu coupable de blasphème. Cela me rappelle cette histoire où une jeune fille supposée innocente se plaignait de ce que des garçons lui imposaient des chansons paillardes, alors qu’ils se contentaient de les siffler. La société italienne, comme la nôtre, fait preuve d’une belle hypocrisie sur le sujet, qu’elle connait par cœur, mais refuse de traiter.