Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

C’est la question légitime que l’on est en droit de se poser après le crash d’un Boeing 737 à Muan en Corée du Sud. L’appareil a tenté un atterrissage d’urgence, et la presque totalité des occupants a péri dans la catastrophe, à l’exception de deux membres de l’équipage, qui ont échappé miraculeusement à la mort. Selon une sorte de loi des séries, d’autres accidents se sont produits récemment, parmi lesquels celui d’un avion azerbaïdjanais, probablement lié à la guerre en Ukraine. C’est l’occasion de rappeler que le transport aérien reste le plus sûr au monde, malgré le nombre de victimes important quand un crash se produit.

Il semblerait que l’appareil aurait subi une collision avec des oiseaux juste avant la phase d’atterrissage, mais ces incidents sont fréquents et généralement bien gérés par l’équipage. Même avec un moteur endommagé, l’avion peut rester manœuvrable, et continuer à voler pour alléger le poids de carburant avant un atterrissage risqué, laissant ainsi le temps de préparer la piste pour minimiser les risques. Élément troublant, le train d’atterrissage n’était pas descendu, et les volets de freinage non déployés, sans que l’on sache pour le moment s’il s’agissait d’une panne des systèmes hydrauliques, d’une stratégie volontaire, mais dans quel but ? Ou un oubli dû à la panique. Cela peut paraître invraisemblable, mais pas impossible. C’est peut-être le moment d’évoquer un principe universel connu sous le nom de « loi de Murphy » qui s’énonce généralement ainsi : « tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera mal ». Pour comprendre le concept, on peut invoquer l’adage de la tartine, qui tombe inexorablement du côté du beurre ou de la confiture, sans oublier le « grain de la manœuvre » bien connu des marins, qui éclate invariablement au moment de rentrer au port après des heures de calme plat.

Il faudra évidemment attendre l’analyse des boîtes noires et le recueil des témoignages des rescapés pour se faire une idée plus précise des causes de l’accident où 179 personnes ont péri, mais on ne peut pas exclure que les pilotes, obligés de prendre des décisions dans une urgence absolue, avec probablement des alarmes multiples dans le cockpit, aient tout simplement négligé la checklist de la procédure normale, et omis de s’assurer du fonctionnement du train d’atterrissage, en passant, si nécessaire, en fonctionnement manuel. C’est d’autant plus vraisemblable que les experts et pilotes professionnels qui ont visionné la trajectoire de l’appareil sont d’accord pour considérer l’approche comme irréprochable, alors que l’avion ne pouvait pas ralentir sa vitesse et courait inéluctablement à sa perte. Edward Murphy Jr, cet ingénieur qui menait des expériences scientifiques pour le compte de l’US Air force, en aurait conclu que l’hypothèse de l’erreur humaine, même peu probable, aurait dû être prise en compte.