Hasard ! Vous avez dit hasard !

Est-ce un hasard ? Pas vraiment, on s’interroge tous un jour pour savoir si l’on est responsable des événements que l’on traverse, ou si on les doit à un coup de « dé » produit en dehors de tout dessein humain ou divin qu’on appelle hasard, veine, malchance, destinée…

Chaque fois qu’un événement surgit à l’issue d’un processus qui aurait pu s’achever autrement, on essaie de l’interpréter, de lui trouver un sens.

Pour les philosophes comme Bergson, le hasard est une causalité imprévue, comme le désordre n’est qu’un ordre inattendu ! Ils se demandent pourquoi il a eu lieu plutôt qu’un autre, les scientifiques se demandent comment il a pu avoir lieu, le sens commun y voit l’effet d’un pouvoir mystérieux.

Pour certains, le hasard intervient souvent, pour d’autres, jamais, car tous l’emploient dans des sens très variés en fonction des circonstances. Le hasard exprime l’état d’âme de celui qui s’attendait à trouver une causalité et qui, ne l’ayant pas trouvée, cherche à la remplacer par une causalité analogue.

Autrement dit, la définition du hasard comme responsable occulte s’impose à nous quand l’explication des événements par la cause apparente ne rend pas compte de leur sens. On personnifie le hasard dans une sorte d’univers magique, déjà dans l’Antiquité la divinité grecque Fortuna ou Fatum pour les Latins, rendait compte du lien entre les dieux et le hasard.

L’ignorance, la coutume, qui engendrent des comportements sociaux imprévisibles comme le choix d’un métier et l’imagination qui s’apparente au hasard par suite de l’empire qu’elle exerce sur nos pensées au mépris de la vérité, sont des véritables causes des effets indûment attribués au hasard.

De nos jours, beaucoup cherchent à donner une apparence scientifique à leurs croyances du destin avec les horoscopes, les porte-bonheurs, les superstitions.

Descartes élimine complètement le hasard au profit d’un mécanisme strict, Spinoza, Voltaire, Kant et les rationalistes y voient seulement le nom que nous donnons à notre ignorance des véritables causes des événements, Bergson y souscrit et s’interroge, le hasard serait-il un principe universel qui gouvernerait la nature ?

L’expérience, l’expérimentation, nous montre des phénomènes qui s’enchaînent mécaniquement parfaitement, et d’autres qui apparaissent de façon imprévisible. Seules les considérations métaphysiques ou idéologiques militent en faveur d’un mécanisme universel ! Nous n’arrivons pas à privilégier laquelle de ces 2 conceptions unitaires du monde, tout est écrit, tout est prédestiné, ou tout à une cause et une conséquence.

Pour Pascal, l’homme n’a ni le pouvoir ni le droit de faire n’importe quoi parce qu’il est responsable, il peut et il doit choisir parmi les séries causales qui lui sont proposées, celles qui rendent le monde meilleur. Il oppose à une conception du hasard qui fait une irruption permanente de l’arbitraire dans la nature, une réflexion scientifique donnant la possibilité de faire des prévisions, de prendre des décisions, de procéder à des vérifications expérimentales, malgré les plages d’incertitude rencontrées.

Voilà un protocole que les humains auraient dû suivre scrupuleusement, pour éviter, au mieux limiter le réchauffement climatique et les phénomènes dramatiques, cyclones, incendies… qui menacent leur survie, car il restera toujours une place à l’incertitude, l’homme ne sera jamais supérieur à la nature qui décide dans quel sens le vent doit souffler, en véritable reine du hasard, ce hasard qui pour Einstein « c’est Dieu qui se promène incognito »

L’invitée du dimanche