Pas pressé
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 6 janvier 2025 11:07
- Écrit par Claude Séné
Une vidéo diffusée par la branche armée du Hamas, dans laquelle s’exprime une jeune femme toujours retenue en otage a relancé la controverse sur la volonté réelle du Premier ministre israélien de négocier une libération de ses ressortissants en échange de prisonniers palestiniens et un cessez-le-feu. Bien que Benyamin Netanyahou ait fait officiellement de la question des otages la priorité de son action, dans les faits, il semble considérer que l’éradication de ses adversaires doit passer avant toutes autres considérations, alors que les familles des otages et une majorité de la population souhaite en premier lieu la libération de tous ceux qui sont encore vivants et récupérer les corps de ceux qui sont morts en captivité.
Sous la pression de l’extrême droite avec laquelle il a passé un accord de gouvernement, Netanyahou se veut intransigeant sur l’élimination physique des combattants et des dirigeants ennemis et il joue la montre depuis le début des opérations militaires après l’attaque terroriste du 7 octobre 2023. Il m’a fait penser à une scène d’un film dans lequel Patrick Chesnais jouait le rôle d’un professeur qui punissait collectivement sa classe en lui interdisant de sortir jusqu’à ce que le coupable de je ne sais plus quelle vétille se dénonce. Et d’ajouter qu’il n’était pas pressé, qu’il avait tout son temps, et qu’il était prêt à y passer la nuit, si nécessaire. Si « Bibi » considère que les négociations en vue de la libération des otages peuvent attendre, c’est totalement contradictoire avec ses constantes déclarations, et les demandes des familles et de l’opinion publique. Il ne pourra pas toujours rejeter l’échec des négociations sur la mauvaise volonté supposée des Palestiniens.
Des pourparlers n’ont jamais cessé de se tenir en sous-main et Israël a confirmé récemment l’existence de discussions indirectes se tenant au Qatar. Il y aurait encore 96 otages présumés, dont 34 seraient malheureusement déjà morts selon Israël, et la liste risque de s’allonger tant les conditions sont dégradées pour tout le monde dans la bande de Gaza. Rappelons que selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 45 000 palestiniens, militaires et civils, sont morts dans cette guerre qui se prolonge. Un chiffre malheureusement crédible, qui fait suite aux 1200 victimes israéliennes de l’attaque du 7 octobre. Les discussions achoppent sur un point central, celui de la trêve ou du cessez-le-feu, nécessaire à l’organisation d’un échange entre les otages israéliens et les prisonniers palestiniens, politiques ou de droit commun. Du côté du Hamas, très affaibli par les offensives adverses et les bombardements massifs, on voudrait une cessation totale des hostilités, ce que refuse Netanyahou qui veut pousser son avantage et éviter à tout prix un réarmement de ses adversaires. Accessoirement, le Premier ministre sait que son siège est consubstantiel à la poursuite de la guerre. Il n’est donc pas pressé d’en finir.