Tout est perdu fors l’honneur…
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 26 mars 2017 10:56
- Écrit par L'invitée du dimanche
Laissez-moi vous conter un morceau d’histoire. Nous sommes en 1524, François 1er débute une campagne en Italie contre les impériaux pour reprendre quelques villes importantes. Après avoir repris Milan, il décide d’assiéger Pavie. Ayant peu de chances de vaincre l’armée ennemie menée par un noble félon, Charles de Bourbon, qui a fait allégeance à Charles Quint, il aurait pu lever le siège, mais un de ses conseillers lui dit : « un roi de France ne recule pas devant ses ennemis, et ne change pas ses projets d’après leurs caprices ». Blessé, son armée en déroute, fait prisonnier en Espagne, il aurait écrit à sa mère pour n’avoir pas fui « de toute chose ne m’est demeuré que l’honneur »… Ce qui reste relatif, puisqu’il accepta sa libération contre une forte rançon, et l’échange de ses deux fils qui prirent sa place en captivité pendant quatre ans !
Si vous avez mauvais esprit, outre le prénom commun, la situation offre quelques similitudes avec celle de Monsieur Fillon ! Sauf que si ce dernier écrivait à sa mère, la formule pourrait être : « de toute chose rien ne m’est demeuré, surtout pas l’honneur » !
L’honneur parlons-en, cette attitude conduite par des principes moraux qui incitent à ne jamais accomplir une action qui fasse perdre l’estime qu’on a de soi ou celle que nous porte autrui. C’est une qualité qui mène à faire des actions nobles, et l’on est en droit de se demander combien il existe encore d’hommes d’honneur dans le milieu de la politique ayant encore un peu d’estime de soi et méritant le nôtre.
Combien de nos prétendants à la fonction suprême en ont encore gardé le sens ? Est-on un homme d’honneur quand on a dans sa vie fait une action qui fait rougir quand on est seul ? Ceux d’entre eux qui d’une façon évidente ont perdu leur honneur en entachant leur code de conduite d’actions répréhensibles par la morale et/ou la loi, ne devraient-ils pas restaurer un peu de leur estime de soi par la démission, des regrets des excuses sincères ? Mais je rêve, car cela supposerait qu’il leur en reste encore un peu de cet honneur, qu’ils n’ont plus besoin de laver, cela ne les empêchera pas à la première occasion d’en orner leur parole, à laquelle ils s’empresseront de manquer, nous évitant de leur faire une façon une Haie !!
On continuera encore à le distribuer avec une médaille, quitte à lui faire perdre de sa valeur, car on l’attribue trop souvent à quiconque n’a pas forcément prouvé une action honorable et méritante (Maurice Papon l’a même emporté dans son cercueil) !
On continuera aussi à l’inclure dans une déclaration facile au bas d’un document, confirmant par-là que c’est peut-être une notion surfaite, déjà Shakespeare dans Henri IV se posait la question : « qu’est-ce que l’honneur ? Un mot. Qu’est-ce que ce mot honneur ? De l’air. » À moins qu’il survive grâce aux pauvres dont il est la richesse, écrivait Camus dans « les justes ».
L’invitée du dimanche
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