Ce n’est qu’un début

Dans le feuilleton des aventures présidentielles de François Fillon, j’avais raté un épisode, celui de l’émission avec David Pujadas, dans laquelle le candidat « souffre-douleur » des médias et de l’opinion est revenu sur les accusations dont il fait l’objet. Fidèle à sa tactique perdante depuis le début des révélations du Canard enchainé, il a tenté de faire croire à un complot dont il serait victime et dont l’auteur ne serait autre que François Hollande. Selon ses dires, il faut croire que le président encore en fonction pour quelques semaines aurait la rancune tenace.

En effet, lui-même n’étant pas candidat, on ne voit pas très bien pour quelle raison il voudrait tant nuire à ce malheureux Fillon qui n’a eu besoin de personne pour se mettre tout seul dans le pétrin. La meilleure preuve qu’il n’y croit pas lui-même, c’est qu’il a admis que se faire offrir des costumes par son ami de 20 ans était une erreur, et qu’il avait donc rendu ces cadeaux embarrassants. C’est un bon début, mais ce serait dommage de s’arrêter en si bon chemin. Dès le début du Penelopegate, François Fillon a fait une sorte de mea culpa en reconnaissant que l’opinion désapprouvait les emplois familiaux, sans toutefois aller au bout de cette démarche. Beaucoup de citoyens lui demandent de rembourser les sommes perçues en scandant le slogan : « Fillon, rends le million » sur fond de concert de casseroles. Si l’on creuse un peu, on s’apercevra que des soupçons de conflit d’intérêts peuvent entacher toutes les décisions qu’il a prises dans l’exercice de ses fonctions parlementaires et ministérielles, puisque, par ailleurs, il a servi de conseil à des entreprises qui avaient été sous sa tutelle.

Que ce genre de pratiques n’aient pas été de son fait exclusif ne doit pas conduire à les banaliser, mais au contraire à envisager des mesures permettant de les empêcher. En attendant, s’il souhaite reverser des sommes perçues indûment, il ne faut pas qu’il se gêne. Après tout, c’est bien grâce aux institutions de l’état financées par les deniers publics et donc nos impôts qu’il en arrivé là où il est. Si, comme le pense la romancière Christine Angot, il a acquis ces subsides de façon malhonnête, il ne serait que justice qu’il les rembourse. Apparemment, il ne manque pas d’amis prêts à l’aider s’il ne dispose plus de telles sommes, y compris dans sa famille, avec qui il a su se montrer généreux grâce à nos sous, et dont il a reçu le retour d’ascenseur pour boucler ses fins de mois. Pour en finir une bonne fois avec ces histoires de costume, je souhaite qu’après toutes ces pantalonnades, il se ramasse une bonne veste, et même une déculottée.