Ô temps, suspend ton vol
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 16 novembre 2016 11:17
- Écrit par Claude Séné
C’est donc aujourd’hui qu’Emmanuel Macron rompt le bruyant silence qui entoure sa candidature à la présidence de la République depuis son départ du gouvernement et même auparavant. Il se sera donné beaucoup de mal pour entretenir un doute infime sur sa décision qui a été prise de longue date. C’est un jeu auquel se seront livrés tous les candidats potentiels, qui feignent de ne pas être certains de leur engagement dans la course présidentielle, alors que la seule question qui se pose à eux, c’est celle de la fenêtre de tir.
Macron aime à dire qu’il veut être « le maitre des horloges » et il a souhaité retarder autant que possible sa candidature officielle. Visiblement, c’est raté. Le candidat à la candidature ne peut plus freiner ses partisans et il a dû se trouver un petit créneau avant le premier tour de la primaire de la droite et du centre pour officialiser ce que tout le monde avait compris, et depuis fort longtemps. Dans son planning, le mois de novembre devait être celui du programme et non celui de la candidature. Au passage, cette procédure, qui consiste à bâtir une plateforme avant de choisir la personne pour l’incarner, semble satisfaisante et démocratique sur le papier, mais perd tout son sens quand on connait par avance le nom du candidat. Ce n’est plus qu’une parodie de fonctionnement « horizontal », expression dont ses partisans ont plein la bouche quand ils récitent le bréviaire macronien. Le problème, c’est que les propositions « novatrices » tardent à venir, et que la seule « nouvelle » du jour, c’est l’identité du candidat, c’est-à-dire un non-évènement. Lorsque Macron aura grillé la cartouche de sa déclaration de candidature, il retombera dans l’anonymat de l’actualité occupée par la compétition à droite et au centre, le secteur où il engrange le plus d’opinions favorables. Son espoir réside dans la désignation de Sarkozy, qui serait son meilleur adversaire, mais il devrait alors composer avec une candidature probable de François Bayrou. L’avenir n’est pas plus dégagé du côté du PS, dont le candidat ne sera désigné qu’en janvier.
Bref, on voit bien que la déclaration de Macron n’est qu’une pantomime, dont notre fonctionnement démocratique fait un passage obligé. Pour être honnête, les autres prétendants à la fonction suprême se sont livrés au même exercice, ou le feront prochainement, à commencer par le président sortant. En l’occurrence, la seule surprise serait qu’il ne se représente pas, mais cela n’en prend pas le chemin. Et pendant ce temps, il y a une « trumpette » qui se frotte les mains : ce n’est pas au Front national qu’on se pose des questions de démocratie et de désignation de candidat !