16 h 34
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 8 novembre 2016 10:33
- Écrit par Claude Séné
C’est l’heure à laquelle hier, selon de savants calculs, les femmes ont commencé à travailler pour des clopinettes en France. À l’appel du mouvement « les glorieuses », repris par plusieurs associations féministes et même… Nuit debout ! des rassemblements ont eu lieu pour réclamer l’égalité salariale entre hommes et femmes. Certaines femmes ont quitté symboliquement leur poste, bien que le mouvement ne puisse pas déposer de préavis de grève proprement dit, n’étant pas affilié à un syndicat ayant pignon sur rue. De même, le choix de la date était plus ou moins arbitraire, tant les études sur le sujet sont sujettes à variation.
La date du 7 novembre se fonde sur une enquête Eurostat de 2010 et d’une moyenne d’écart de rémunération de 15 %. Les femmes islandaises, elles, ont manifesté le 24 octobre à 14 h 38. Quel que soit le mode de calcul retenu, il n’est pas contestable qu’il existe une différence fondée sur le sexe, qui va de 10 à 25 % environ des rémunérations. Et cela ne tient pas compte de la difficulté d’accéder à des postes de responsabilité et du temps partiel subi. Par ailleurs, même si de plus en plus de femmes travaillent, elles sont, plus souvent que les hommes, dissuadées de se mettre sur le marché de l’emploi. L’inégalité salariale reflète là aussi les inégalités sociales et les discriminations dont souffre l’ensemble de la population. Cette initiative a été saluée de façon presque unanime par la classe politique, toutes tendances confondues. Le Premier ministre en personne s’est fendu d’un tweet de soutien, tandis que des personnalités aussi opposées que Marie-Georges Buffet pour le Parti communiste ou Florian Philippot pour le Front national en passant par Marielle de Sarnez pour le Modem, se sont félicités de cette initiative.
C’est un peu ce qui m’inquiète. Je crains que cet accord de façade ne débouche sur un immobilisme persistant après une indignation superficielle et volatile. Tant que la représentation nationale, aussi bien dans les partis politiques que dans les assemblées, ne reflètera pas la parité de la population, il y a fort à parier que les droits des femmes, notamment en matière salariale, passent au second plan. Je ne mets même pas en cause la sincérité possible de certains représentants masculins et je laisse de côté la minorité (enfin, j’espère) de machistes et de gros cons (qui sont parfois les mêmes). Je crains simplement la force d’inertie, qui dans ce domaine comme tant d’autres, empêche la nécessaire évolution de la société.