C’est pas l’homme qui prend la mer
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 7 novembre 2016 10:15
- Écrit par Claude Séné
Et c’est parti pour 3 mois, et plus si affinités, d’un non-évènement dont le succès me parait aussi incompréhensible que l’engouement de certains pour les grands prix automobiles. On annonçait 300 000 personnes aux Sables-d’Olonne ce dimanche pour assister au départ des 29 voiliers du Vendée Globe pour un tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. Si j’en juge par les forêts d’escabeaux disposés le long de la côte et du remblai, seule une poignée de « privilégiés » a pu voir quelque chose.
Comme dans une course automobile, les passionnés ont beaucoup plus de chances d’apprécier le départ à la télévision, un départ qui ne veut pas dire grand-chose, s’agissant d’une course avoisinant les 80 jours du tour du monde en ballon imaginé par Jules Verne. On peut supposer que le ressort à la base de l’engouement d’une partie de la population pour cette course est un peu le même que pour la compétition de Formule un. Presque tout le monde a appris à conduire, et beaucoup de Français possèdent une automobile, avec laquelle ils sont contraints de s’en tenir à 130 km/h sur autoroute et le plus souvent à 90 sur les petites routes ou 50 quand ce n’est pas 30 en ville. Les grands prix leur donnent les sensations fortes auxquelles ils n’ont pas accès et ils vivent leurs exploits et la griserie de la vitesse par procuration. J’imagine que si la possession d’un bateau est beaucoup moins répandue, le rêve de dominer les éléments, lui, doit être monnaie courante.
Après tout, pourquoi pas ? À défaut de pain, contentons-nous des jeux. Ce qui est désagréable, outre l’envahissement médiatique, un peu pénible pour les allergiques comme moi, c’est la marchandisation galopante de ce sport. Dame, c’est qu’il faut réunir beaucoup d’argent pour fabriquer ces monstres de puissance et de vitesse et financer l’infrastructure et la logistique, pas moins de 5 millions d’Euros pour un des favoris, Armel Le Cléac’h, déjà 2 fois 2e des éditions précédentes. À ce prix-là, le sponsor, Banque populaire, est en droit de demander une couverture médiatique en proportion. Les concurrents s’engagent donc à assurer les vacations radio quotidiennes et à fournir 7 minutes de vidéo hebdomadaire. Moyennant quoi, les aficionados auront leur ration de nouvelles et les autres prendront leur mal en patience. Fort heureusement, nous échappons cette année aux parrainages alimentaires, ce qui nous évitera de subir la compétition entre Cochonou, Olida et Bordeaux-Chesnel par exemple, ce qui, avouons-le, cassait un peu l’ambiance.