La bataille de Stalingrad

À peine les derniers candidats au passage vers l’Angleterre évacués de la jungle de Calais, les caméras se sont tournées vers Paris et le quartier de Stalingrad qui focalise le plus grand nombre de ces réfugiés qui survivent tant bien que mal en attendant une solution d’hébergement pérenne. La situation n’est pas nouvelle, mais elle empire de jour en jour, en partie parce que certains exclus de Calais sont venus grossir les rangs de ces malheureux sans-abri, mais aussi parce que les nouveaux arrivants qui rentrent en France par Vintimille prennent généralement la capitale comme objectif en attendant de trouver une destination définitive.

Ce qui est incompréhensible, c’est que l’état ne trouve pas de solutions pour cette population alors qu’il s’est donné pour but de « mettre à l’abri » selon la terminologie officielle tous ceux qui s’étaient entassés à Calais dans des conditions indignes. « L’accueil » des réfugiés à Stalingrad n’a rien à envier à la jungle de Calais, stigmatisée par les ONG, dont certaines affirmaient n’avoir rien vu de pire, y compris dans les zones de guerre au Proche-Orient. Laisser s’entasser dans la rue des milliers de personnes sans sanitaires dans des cabanes de fortune ou des tentes fournies par les bénévoles ne peut conduire qu’à des situations inextricables pour les réfugiés eux-mêmes et pour les riverains, qui n’en peuvent mais, partagés entre l’exaspération des nuisances de toute sorte qu’ils subissent et la plus élémentaire solidarité envers des êtres humains, qui déclarent, à juste titre, être moins bien traités que nos animaux de compagnie.

Faute de régler le problème, l’état envoie cependant régulièrement la police, déjà surchargée de travail, faire des vérifications d’identité, détruire les maigres possessions des réfugiés et faire la chasse aux soi-disant migrants économiques dans l’espoir dérisoire de minimiser leur flux pour flatter un électorat Front national déjà perdu depuis longtemps. J’ai peine à croire qu’un pays aussi riche que la France, 5e puissance économique mondiale, ne puisse pas trouver les ressources nécessaires pour accueillir correctement quelques milliers d’immigrants, dont une bonne partie ne souhaite que traverser notre pays, alors que l’Allemagne en a reçu plus d’un million en 2015. Lorsque les policiers ont manifesté leur ras-le-bol et revendiqué de meilleures conditions de travail, le gouvernement a su tirer de son chapeau budgétaire la coquette somme de 250 millions pour rénover les commissariats et améliorer les dotations en matériel et en véhicules. Un effort non négligeable à rapprocher cependant du montant total du budget de l’état de 373 milliards pour 2016. Et l’on n’aurait pas les moyens de perpétuer la tradition qui faisait notre fierté et notre honneur : France, terre d’asile ?

Commentaires  

#1 jacotte 86 01-11-2016 11:40
certaine lectrice de mon cœur trouve que le dimanche mes billets ne sot pas "légers"... mais où trouver des raisons de se distraire dans un monde aussi inhumain?
Citer