Bolloré les a tuer

Les journalistes de la rédaction d’ITélé, filiale de Canal plus qui appartient au groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré, ont reconduit leur grève jusqu’à lundi prochain et rien ne semble indiquer une reprise possible de leur activité, tant la direction les traite par le mépris, refusant d’engager la moindre discussion sans même parler de négociation sur les raisons de leur colère. C’est d’ailleurs ce mode de management brutal qui est une des motivations de ce mouvement de protestation, peu fréquent dans la profession. L’élément déclencheur a été l’arrivée sur la chaîne d’information continue de Jean-Marc Morandini.

L’animateur, qui se prétend journaliste, est mis en examen dans deux affaires de mœurs pour corruption de mineur aggravée. Même s’il a droit à la présomption d’innocence comme tout un chacun jusqu’au jugement de son affaire, la direction aurait été plus avisée de ne pas le mettre à l’antenne par mesure conservatoire. La seule réponse devant l’émotion suscitée par sa présence est de proposer aux journalistes de faire jouer une clause de conscience et donc de démissionner. Un comble ! car au-delà de cette affaire judiciaire, Jean-Marc Morandini est surtout connu pour faire de la télé poubelle et colporter les ragots sur les personnalités comme au bon vieux temps de « tout est possible » sur TF1. Vincent Bolloré est prêt à se séparer de la totalité de la rédaction d’ITélé, composée de journalistes compétents et intègres pour s’assurer les services d’un individu douteux sur le plan personnel et capable d’embaucher une chroniqueuse pour lire les pages Wikipédia dans son émission. Pour monsieur Bolloré, un bon journaliste est un journaliste docile, qui ne parle pas des sujets qui fâchent et ne porte pas tort à ses amis. Tout le contraire d’Élise Lucet par exemple.

La rédaction a d’autres motifs d’inquiétude : la réduction des effectifs d’environ 25 %, et les menaces de fusion de la chaîne, rebaptisée Cnews, avec Direct Matin, qui appartient en propre à Vincent Bolloré. Il faudra faire de la place à ces nouveaux arrivants, au propre comme au figuré, et les mécontents sont priés d’aller voir ailleurs. Vincent Bolloré continue l’opération de nettoyage par le vide déjà amorcée à Canal Plus, qu’il s’applique avec méthode à vider de tout contenu subversif ou qui n’irait pas dans son sens. Nous avions pu croire que l’époque de la mainmise sur des empires de presse par des magnats au service des politiques comme Robert Hersant était révolue. Que ce soit Patrick Drahi au Monde ou le trio Berger Niel Pigasse à l’Obs, on ne relevait pas de tentatives d’intervention dans la ligne éditoriale de ces journaux. Ce ne sera apparemment pas le cas de Bolloré.

Commentaires  

#1 jacotte 86 29-10-2016 13:50
cet homme est dangereux! pour tuer il tue... sa compagnie ferroviaire vétuste au Cameroun vient de faire de nombreuses victimes dabs un déraillement...le materiel est parait-il en mauvais état!
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