L’intérieur de nous-mêmes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 26 septembre 2016 10:18
- Écrit par Claude Séné
Il se passe de drôles de choses à l’intérieur de nous-mêmes, si l’on en croit une publicité pour un produit destiné à faciliter le transit intestinal. Un sujet assez difficile à aborder sans sombrer dans la vulgarité ou la scatologie. Un sujet qui cependant intéresse le public comme en témoigne le succès de l’ouvrage publié récemment par une jeune doctorante en médecine et sobrement intitulé « le charme discret de l’intestin », qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires en Allemagne et qui se lance à la conquête d’une trentaine de pays, dont la France.
La mauvaise réputation de l’intestin vient sans doute du fait que si son orifice d’entrée, de la bouche à l’estomac, peut être considéré comme noble, il en va tout autrement de sa sortie, qui permet de se débarrasser de, enfin, du, bon, vous savez quoi. Du coup, on ne tient pas à être trop bien informé sur le fonctionnement de cet organe qui dépasse pourtant les sept mètres. Le contenu de la cavité abdominale symbolise cependant le courage. Nous disons volontiers de quelqu’un qu’il a des tripes quand les Anglais préfèrent évoquer les boyaux, et la pire blessure est l’éventration, comme lorsque le roi Renaud revenait de guerre, portant ses tripes dans ses mains. Sans oublier le mal de mer, qui nous fait vomir tripes et boyaux.
Si je vous entretiens aujourd’hui des intestins, c’est parce qu’une voyageuse marocaine a été contrôlée en Autriche avec deux paquets soigneusement emballés contenant ceux de son mari. S’il arrive que des personnes transportent les urnes contenant des cendres funéraires, ce genre de souvenirs beaucoup plus encombrants ne sont pas monnaie courante. Renseignement pris, il s’agirait des intestins de son mari, décédé au Maroc, dont la veuve voudrait les faire analyser, car elle suspecte un empoisonnement. La démarche, pour inhabituelle qu’elle soit, ne semble pas illégale, et les douaniers autrichiens n’ont pas jugé nécessaire d’alerter la police. Ce fait divers pose néanmoins quelques questions. Pour quelles raisons cette personne n’a-t-elle pas fait réaliser les analyses au Maroc, en saisissant la justice de ses interrogations ? Aurait-elle quelques raisons de douter de la bonne volonté de notre ami le roi, qui offre si généreusement l’hospitalité à l’ancien président Chirac tous les étés ? Allez savoir si ce ne sont pas les services de l’état qui seraient impliqués dans cette mort suspecte d’un homme dont on sait seulement qu’il avait 40 ans. Toutes les hypothèses sont permises dans un pays où la démocratie peine encore à s’imposer. Affaire à suivre.