Au jeu de la vie et du hasard…

Le hasard, cette incapacité de prévoir avec certitude un fait quelconque, conduit-il vraiment notre vie ? Ou bien le hasard est-il illusion, dans un monde de déterminisme si complexe que les liens de causalité des événements nous échappent au point de nous y faire croire ?

Si le hasard n’existe pas, faut-il croire alors au destin ? Comment accepter un événement qui paraît sans cause, une action peut-elle parfois être due au hasard, parfois déterminée ? Sommes-nous soumis aux caprices des lois de la nature ? Puisque certains événements peuvent être prévus, y a-t-il un principe actif qui organise l’ensemble des choses existantes ? Un événement survient-il parce que « c’est écrit » dans le grand livre du monde en dehors de notre volonté ?

Mais si nous nous considérons comme libres, autonomes, nous ne sommes soumis ni au hasard ni au destin, pour autant nous ne connaissons pas assez l’ordre des causes et des effets pour savoir quel sera exactement le résultat de notre action (une cause est suivie d’un effet qui lui-même est une cause et ceci à l’infini) on agit comme des aveugles en se prétendant responsables. On se rappelle la théorie du battement d’ailes du papillon…

Ma propre naissance est l’effet implacable d’une chaîne de « hasards » absolument nécessaires les uns aux autres.

Où trouver les réponses à toutes ces questions ? Chez les philosophes sans doute !

Voltaire : « ne parlons plus de hasard ni de farce de fortune, ou parlons-en seulement comme d’un nom dont nous couvrons notre ignorance »

Spinoza : « l’idée du hasard résulte du fait que notre connaissance est imparfaite, l’ordre des causes nous échappe ». Le hasard est une invention de l’homme, hasard signifie coïncidence et nait du fait qu’aucune intelligence humaine ne peut tout prévoir.

Kant dans « la critique de la raison pure » nuance la position « il faut qu’une place dans le cours des choses soit inoccupée par le déterminisme, donc virtuellement ouverte au hasard, pour que la liberté se saisisse de cette possibilité et inscrive dans cette brèche la nécessité de ce qui nous paraît moralement incontournable »

Pour Hegel, la considération philosophique du devenir des peuples et des cultures n’a pas d’autre objectif que d’éliminer le hasard.

Du point de vue rationnel, philosophique ou scientifique, un surcroît de réflexion devrait nous épargner toute tentation d’imputer le hasard. Admettre les effets du hasard est un obstacle au développement de l’interrogation scientifique, c’est nier le principe de causalité. Tout fait a une cause, rien n’est fortuit, tout s’explique.

À chacun de se faire son idée, le hasard est-il la mesure et l’asile de l’ignorance ? est-il nécessaire pour notre liberté, pour l’autonomie de notre volonté, qu’il fasse une brèche dans le déterminisme ?

Il semblerait bien que ce soit cette dernière proposition qui satisfasse le mieux, illustrée à notre époque par le déterminisme scientifique qui a évolué en inscrivant, en formulant des lois statistiques ou des pronostics de probabilités, reconnaissant ainsi « un principe d’indétermination », laissant ouverte la question de notre libre arbitre, sans dissiper le sentiment de hasard dans un monde à la fois étrange et inexplicable.

L’invitée du dimanche