Rituel
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 4 septembre 2016 10:18
- Écrit par L'invitée du dimanche
Je veux parler de celui de la rentrée scolaire, pas seulement celle de jeudi dernier, où presque 13 millions d’enfants ont été accueillis par 854 000 enseignants, mais de toutes les rentrées que j’ai connues dans ma vie (plus d’une cinquantaine).
La première, je l’ai faite exceptionnellement pour faire nombre, à deux ans et demi, à l’école publique de filles en 1944 (puisqu’il faudra attendre 1975 pour la mixité obligatoire dans le primaire). J’en ai peu de souvenirs, mais je me souviens très bien des suivantes… à cette époque, on ne connaissait pas le bus de ramassage, mais il y avait le « ramassage solidaire », surtout pour les enfants habitant assez loin du bourg.
Dans mon quartier distant de 2 km du bourg, les grandes ramassaient sur leur passage de maison en maison tous les enfants scolarisés et c’était une bande de plus de sept enfants qui descendaient jusqu’à l’école. Il y avait parfois des crises de nerfs quand les petits traînaient un peu trop la patte, faisant risquer d’arriver en retard et de trouver le portail clos. Pas par sécurité comme aujourd’hui, mais pour exiger la ponctualité des écoliers.
Le retour était plus fantaisiste, on prenait son temps, le temps de manger des mûres, de ramasser les noix, de faire quelques couronnes avec les clématites sauvages…
J’ai aimé passionnément faire mes rentrées à l’école, enfant ou adulte, j’ai toujours eu envie de retrouver l’odeur de la craie, la poussière de la cour de récréation, les copines ou les collègues et les nouveautés qu’on allait m’apprendre ou que j’allais faire apprendre. Il en reste une pourtant qui fut pour moi un vrai cauchemar, c’est celle où j’ai rejoint le collège. C’était la première fois que je m’éloignais de la maison pour aller « en pension », c’était déjà suffisant pour être mémorable. Mais le plus marquant c’est qu’à cette rentrée-là, j’ai connu la première humiliation de ma vie. En effet, chacun devait apporter son lit, et le mien, un simple sommier et un matelas, a été livré en retard le soir, sous le regard de toutes les autres petites filles déjà royalement installées dans des lits de princesses ! C’est ainsi que j’ai été confrontée à la réalité des différences sociales, qui tout au long de ma scolarité allaient être source de douleurs, mais aussi une aide constante dans ma détermination à faire mon chemin pour qu’un jour ce soit moi qui sois « le chef » de la rentrée, veillant au bon accueil de tous.
Depuis que je ne fais plus de rentrée, j’ai pris un peu de distance avec tout ce qui peut faire polémique : réforme, formation des maîtres, calendrier mal fait, mesures de sécurité, programmes, ZEP devenue REP… car je n’y suis plus acteur ! Je me sens pourtant quand même concernée par les problèmes de l’école et je ne peux m’empêcher de penser à tous les enfants qui ont vécu cette rentrée d’une façon inoubliable et marquante pour leur avenir !
L’invitée du dimanche