Avant l’août foi d’animal

À force de se donner des dates butoirs qu’il ne peut pas respecter, le pouvoir, ou ce qu’il en reste, finit par se ridiculiser. Ainsi, François Bayrou a successivement annoncé la composition du gouvernement pour le week-end, puis pour dimanche au plus tard et enfin « avant Noël » quoi qu’il arrive. Il restait donc en toute logique à l’annoncer aujourd’hui. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir la députée de Mayotte, qui s’indigne de cet éventuel télescopage avec le deuil national décrété par le président de la République qui serait ainsi éclipsé de l’actualité, les rédactions étant tentées de se consacrer aux ministres fraîchement nommés, ou reconduits.

Une telle faute de goût serait perçue comme un affront vis-à-vis de la population qui se sent déjà abandonnée, malgré les promesses d’Emmanuel Macron et une aide qui tarde à se mettre en place. La dernière trouvaille du président, offrir des places à quelques élèves mahorais à la Réunion ou même en métropole, ne sont guère que des sparadraps pour faire face aux destructions massives d’écoles et au déficit en bâtiments et en enseignants qui va perturber ce qui reste de l’année scolaire. Quoi qu’il en soit, Mme Youssouffa n’a que peu à craindre une annonce de la composition du gouvernement avant ce soir, au plus tôt, car les tractations semblent vouloir s’éterniser, et notamment les discussions achoppent sur les noms de certains « poids lourds » comme Xavier Bertrand ou Gérald Darmanin. Au point de provoquer la moquerie, y compris dans les rangs du Modem, où une personnalité éminente a pu ironiser sous couvert d’anonymat sur la Belgique restée sans gouvernement pendant deux ans.

C’est oublier un peu vite que de nombreuses démocraties européennes sont habituées à des régimes parlementaires basés sur un principe de coalition politique. Généralement, le président ou le chef de l’état confie au représentant du parti arrivé en tête la mission de chercher un accord de gouvernement avec des partenaires qui négocient ensemble un programme faisant consensus. Cela peut prendre du temps, et dans quelques cas obliger le peuple à procéder à de nouvelles élections, mais dans l’ensemble cela fonctionne. La stabilité peut même être au rendez-vous comme dans l’exemple d’Angela Merkel, qui a dirigé l’Allemagne pendant 16 ans. Ce type de fonctionnement est favorisé par le mode de scrutin proportionnel, souvent promis, rarement mis en place. Il a été proposé à plusieurs reprises par un certain François Bayrou, sous des modalités variables, et notamment lors de son ralliement à la candidature d’Emmanuel Macron en 2017. Bizarrement, on l’entend moins sur ce sujet depuis qu’il a accédé à la fonction de Premier ministre. Il est vrai qu’il n’en est pas à un revirement près.

Commentaires  

#1 jacotte 86 23-12-2024 13:55
j'aime bien la réflexion d'un journaliste ce matin: Bayrou il a un costume de premier ministre trop grand pour lui....
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