Dream Team
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 24 décembre 2024 10:47
- Écrit par Claude Séné
C’est au pied du mur que l’on voit le maçon, et c’est au pied du sapin que l’on voit le père Noël. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la hotte de François Bayrou n’a guère réservé de surprises, si l’on excepte l’absence remarquée d’un des favoris du grand jeu des pronostics en la personne de Xavier Bertrand. Récusé par le Rassemblement national qui aurait considéré sa nomination au ministère de la Justice comme un affront personnel quand sa patronne a précisément maille à partir avec cette institution. Il s’est retiré sur son Aventin de la région Hauts de France en feignant de se désister volontairement.
Sinon, les ministres attendus et inattendus sont présents, mais on sent bien que le père Noël a dû racler les fonds de hotte, en reconduisant certains ministres, qui n’ont pourtant pas plus trouvé grâce aux yeux des Français que les autres et en allant chercher des figures tombées dans l’oubli sans susciter le moindre regret. C’est ainsi que ce ne sont pas moins de deux anciens Premiers ministres qui ont été sollicités pour boucher les trous, parmi lesquels celui qui symbolise la traitrise envers sa famille d’origine, après une expatriation ratée, probablement pour rattraper les trimestres qui doivent lui manquer pour obtenir une retraite à taux plein, j’ai nommé Manuel Valls. Et c’est à peu près tout comme débauchage de pseudo personnalités dites « de gauche » au motif qu’ils ont un temps fait mine d’être progressistes, quand la pitance leur semblait plus sûre de ce côté, mais qui ont vite compris de quel côté était beurrée la tartine. L’ancien maire de Dijon, François Rebsamen, fait partie de ces « prises de guerre », mais il a rejoint Emmanuel Macron depuis fort longtemps sans montrer le moindre état d’âme.
L’ambition de François Bayrou de former un gouvernement formé de trois tiers d’importance égale, avec le Centre, la Macronie et la droite, et une gauche malléable, a tourné court. Les socialistes n’ont obtenu aucune ouverture de la part du Premier ministre qui pourrait justifier une certaine neutralité bienveillante vis-à-vis du gouvernement. Notamment en ce qui concerne un gel ou un moratoire de la réforme des retraites toujours rejetée par une large majorité de Français. François Bayrou a préféré donner des gages à Marine Le Pen en écartant Xavier Bertrand. Il s’est dit persuadé que son gouvernement ne serait pas censuré, en comptant probablement sur l’abstention du RN et en évitant autant que possible d’engager sa responsabilité sur quoi que ce soit, à l’exception du budget. Or, c’est précisément là que le Premier ministre sera contraint de donner avec précision des orientations qu’il a soigneusement tues jusque-là afin de ne fâcher personne. « On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens », disait le Cardinal de Retz, mais François Bayrou ne pourra pas toujours se cacher derrière son petit doigt.