Bis repetita
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 21 décembre 2024 11:18
- Écrit par Claude Séné
Le nouveau nouveau Premier ministre continue ses consultations en vue de former un gouvernement qui risque de ressembler fortement à celui qui a été contraint à la démission à la suite de la censure déclenchée presque mécaniquement par l’obstination de la minorité sortante à se comporter comme si elle disposait d’une majorité confortable. Le Premier ministre éphémère avait lâché sans contreparties toutes les concessions au Rassemblement national qu’il estimait possibles, dans un projet bancal, ne reflétant pas les aspirations des Français. Le gouvernement est donc tombé pour avoir sous-estimé la détermination de l’opposition, faute d’une véritable négociation où serait recherché un point d’équilibre entre les parties.
Michel Barnier s’est arc-bouté sur son projet imposant une forte austérité sans demander les efforts nécessaires aux plus fortunés, entreprises ou particuliers. Le futur gouvernement reprend apparemment les mêmes principes, et les mêmes personnes dans certains cas, prenant le risque de s’aliéner définitivement les électeurs de gauche dont les aspirations sont balayées par la seule présence de Bruno Retailleau dans un ministère régalien. Alors François Bayrou pourra bien mesurer au millimètre les positions des anciens et futurs ministres de son gouvernement, cela ne trompera personne. Son gouvernement répondra aux équilibres entre les dernières formations politiques qui soutiennent encore le président, en échange de quelques prébendes. Curieusement, le camp présidentiel semble jouer la montre, pour gagner du temps. Emmanuel Macron a cru pouvoir rattraper l’échec de ses troupes aux élections européennes en prononçant la dissolution de l’Assemblée nationale. Malheureusement pour lui, il est tombé de Charybde en Scylla avec une nouvelle défaite aux deux tours des législatives, et l’impossibilité de dissoudre à nouveau avant juin 2025.
Tout en feignant de se dépêcher, Macron a pris son temps pour nommer François Bayrou, qui lui-même attendra pour nommer son gouvernement et présenter son projet, si tant est que l’on puisse nommer ainsi un catalogue de mesures devant tenir compte de demandes contradictoires. Le Premier ministre a d’ailleurs bien mal démarré un mandat déjà émaillé de gaffes. Il reste menacé de censure, soit sur un engagement éventuel de politique générale, soit sur les budgets où il semble prêt à utiliser le 49.3 comme son jumeau Barnier, malgré l’offre des socialistes d’un pacte excluant l’usage de l’article controversé en échange de la non-censure du gouvernement. Même avec des durées de vie très courtes, Macron espère apparemment tenir jusqu’à l’été, tant qu’il trouvera des personnalités politiques prêtes à sacrifier leur image dans des combinaisons douteuses. Il pourra alors convoquer de nouvelles élections, qu’il espère plus favorables, mais rien n’est sûr, et les Français, qui en subissent les conséquences, sauront s’en souvenir.