C’est pas moi le cyclone

Le président de la République a été interpelé vigoureusement lors de son déplacement à Mayotte par une population excédée par les difficultés de toutes sortes, au premier rang desquelles se trouvent naturellement le manque d’eau et de nourriture, les maigres stocks des familles mahoraises étant désormais arrivés à épuisement. Emmanuel Macron a voulu valoriser les efforts des personnes qui tentent de venir en aide à la population, ce qui a été interprété comme une forme de méthode Coué, alors qu’ils ressentent dans leur chair toutes les pénuries et ne voient pas arriver les secours promis.

Le président a beau s’égosiller pour tenter de se justifier, sa voix est couverte par les huées des plus mécontents, au point de provoquer l’énervement du Président, confronté une nouvelle fois à la colère populaire, et à un sentiment d’impuissance. Il nous a déjà fait le coup en 2018 en pleine crise de la flambée des prix de l’essence, en se défaussant presque dans les mêmes termes : « le carburant, c’est pas bibi », déclarait-il alors. Le côté bravache du personnage ressortait également dans sa déclaration à propos de l’affaire Benalla où il défiait la France entière en lui demandant de « venir le chercher ». Bien entendu, personne ne lui attribue la responsabilité personnelle du phénomène climatique qui a touché si durement l’archipel de Mayotte. Il s’agit là d’une tentative maladroite de s’exonérer de toute responsabilité en feignant d’être une victime expiatoire. Les habitants qui ont tout perdu, y compris la vie pour certains, apprécieront. D’aucuns ont relevé que le cyclone avait été annoncé depuis plusieurs jours sans que quoi que ce soit n’ait été organisé par les autorités pour tenter d’en minimiser les conséquences, ne serait-ce qu’au niveau de l’information.

Mais c’est surtout l’organisation des secours qui tardent trop dont les populations tiennent Macron pour responsable. Puisqu’ils ont bien compris que tout remonte au Président et que la moindre mesure doit obtenir son aval pour être mise en place, elles exigent une amélioration immédiate ou sa démission. Emmanuel Macron s’est mis de lui-même dans une impasse. Il ne dispose pas en réalité des moyens qui seraient nécessaires pour agir efficacement et immédiatement sur la situation. On voit bien que les besoins sont énormes et nécessiteraient la mise en place d’un véritable pont aérien, comparable à celui qui a permis de ravitailler Berlin-Ouest au moment de la guerre froide. Le président aura beau prétendre de façon incantatoire que sans la France les Mahorais seraient « 10 000 fois plus dans la merde », seule la réalité immédiate leur importe. En restant plus longtemps sans rien apporter de plus, il ne fera qu’exaspérer les tensions, outremer et en métropole.