Prix du carburant : tout et son contraire

L’idée a été lancée par la Première ministre comme un ballon d’essai avant d’être reprise massivement par le gouvernement. Il s’agit d’autoriser temporairement la vente à perte du carburant pour faire baisser artificiellement son prix, qui pèse sur les dépenses des ménages et surtout empêche les dirigeants d’afficher un progrès dans la lutte contre l’inflation, repartie à la hausse de plus belle. Le gouvernement a déjà fait pression sur les industriels pour qu’ils plafonnent le prix à la pompe. Le gain sur un plein étant dérisoire, les effets de la mesure sont très insuffisants, dans l’état actuel des choses.

D’où cette proposition d’Élisabeth Borne, reprise avec un enthousiasme un peu prématuré par le président de la commission des Affaires européennes, qui envisage déjà une ristourne de 47 centimes par litre d’essence. Les distributeurs indépendants ont déjà fait savoir que ce serait impossible pour eux, et les conduiraient inexorablement à la faillite à court terme. Les grandes surfaces, elles, pourraient se rattraper sur leur chiffre d’affaires en relevant les prix de certains produits, cependant que les grands groupes pétroliers peuvent tenir sur leurs énormes réserves financières et leurs marges de raffinage pour les plus gros d’entre eux. Il y a peu, la solution préconisée par le gouvernement consistait à subventionner le prix à la pompe pour alléger la facture des Français. Ce n’est plus à l’ordre du jour désormais, au nom d’un principe d’équité. En effet, l’aide était versée à tout le monde, riche ou pauvre. Admettons. Mais quelle différence avec la vente à perte du carburant ?

Il existe d’ailleurs un autre dispositif, le chèque carburant, qui pourrait être versé sous conditions de ressources. Il semblerait même que les hausses de prix observées depuis un bon moment ont rapporté un excédent de revenus pour l’état sous forme de TVA et de taxes. En bref, tous les arguments pour critiquer une ristourne éventuelle de la part de l’état sont miraculeusement inversés pour promouvoir un rabais de la part des pétroliers. Dans le premier cas, nous subventionnerions la Russie de Monsieur Poutine et nous enverrions un signal désastreux du point de vue de la transition écologique en abaissant le coût des énergies fossiles. Il s’agit ici d’une nouvelle manifestation de l’omniscience gouvernementale, capable de justifier n’importe quelle politique en prétendant que c’est la seule possible. Encore va-t-il falloir convaincre une majorité de députés du bien-fondé de cette dérogation qui doit passer par la loi pour être appliquée au 1er décembre. À moins que le gouvernement ne s’assoie une nouvelle fois sur ses principes à géométrie variable en ayant encore recours au 49.3. Il existe cependant un moyen infaillible de faire baisser le litre d’essence, et je m’étonne que ce pouvoir n’y ait pas songé, et c’est de le ramener à 75 centilitres.

Commentaires  

#1 jacotte86 18-09-2023 12:00
tu as raison...il faut appliquer la loi du carembar!
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