N’ayez pas peur !

Les journées mondiales de la jeunesse débutent en ce moment au Portugal et se dérouleront jusqu’au 6 août 2023. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que cet évènement soit présidé par le pape François, qui fêtera en décembre ses 87 printemps, si son Dieu lui prête vie, comme l’on dit. Cela me rappelle un sketch de Coluche à propos de l’Université, où il disait : « ces gars-là, ils te vendent de l’intelligence, ils n’ont même pas un échantillon sur eux ! » Mais, après tout, l’église édicte des règles concernant la famille ou le couple, alors que les prêtres sont toujours supposés rester célibataires.

Remarquez, c’est Jean-Paul II qui a inventé ce rassemblement en 1984. Et il n’avait alors « que » 64 ans, ce qui, pour un pape, est presque le sortir de l’enfance, son prédécesseur, Jean-Paul Premier n’avait tenu que 33 jours, et était décédé à l’âge de 65 ans. Le cardinal polonais, Monseigneur Vojtyla, était quant à lui doté d’une solide constitution, qui lui permettra de présider aux destinées de l’Église catholique jusqu’en 2005, où il laissera sa place à Benoît XVI. Les JMJ, c’est lui. Il y sera présent physiquement jusqu’à l’édition 2002 à Toronto au Canada, où il rassemble encore 800 000 pèlerins, alors que son maximum d’affluence, telle une rock star, s’élèvera à 5 millions à Manille aux Philippines en 1995, record toujours à battre. Cette expression, « n’ayez pas peur », utilisée par Jean-Paul II dès son discours d’intronisation, s’adressait à la jeunesse, dont il savait qu’elle était la seule chance de l’église de se maintenir à un haut niveau d’influence.

La religion chrétienne reste la plus revendiquée au monde avec 2,5 milliards de croyants, dont 1,36 milliard de catholiques. Même si de nombreux participants aux JMJ sont effectivement issus de mouvements de jeunesse, la hiérarchie est toujours vieillissante, et le renouvellement lent à s’opérer. Les idées surtout, ne progressent que trop peu et le poids des traditions est toujours trop lourd sur les sujets de société, comme on l’a vu à propos du mariage pour tous ou l’interruption volontaire de grossesse. Une avancée s’est produite avec la démission du pape Benoît XVI, qui n’avait d’ailleurs sans doute pas la vocation de se propulser en pleine lumière. Ce pape-ci, François, a déjà préparé le terrain pour une éventuelle passation de pouvoir si sa santé le nécessitait, ce qui démontre une lucidité qui force le respect d’un athée tel que moi. Cependant, c’est la Curie, et les luttes d’influence autour de la fonction suprême, qui constitue le principal obstacle à un progrès de la hiérarchie catholique. Ce seront peut-être les femmes, jusqu’ici cantonnées aux rôles subalternes, qui permettront une évolution positive de l’église. La crise des vocations obligera peut-être à renoncer au célibat des prêtres et permettra l’ordination des religieuses, ce qui changerait tout. N’ayez pas peur ? Chiche !