Ça urge !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 1 août 2023 09:37
- Écrit par Claude Séné
Comme tous les étés, le système de santé doit faire face à une situation de plus en plus difficile, notamment à cause des congés annuels qui amènent à aggraver la pénurie de personnel soignant. C’est particulièrement spectaculaire dans les services d’urgences, dans lesquels il y a de plus en plus de restrictions qui amènent certains directeurs d’établissement à fermer totalement ou partiellement l’accueil de nuit. Le nouveau ministre de la Santé, fraîchement nommé, Aurélien Rousseau, a annoncé le déblocage d’une enveloppe de 17 millions pour restructurer les urgences, au cours de sa visite à Sarlat.
C’est évidemment une minuscule goutte d’eau dans la mer, qui ne fait que souligner à quel point ce problème des urgences est prioritaire, mais il ne représente que la partie émergée de l’iceberg, car la situation de l’hôpital n’a cessé de se dégrader depuis que la doctrine officielle consiste à fermer de plus en plus de lits pour tenter de juguler des dépenses en perpétuelle augmentation. On ne peut pas dire que l’ancien ministre de la Santé, François Braun, lui-même urgentiste, était inconscient des difficultés, mais ses solutions s’apparentaient à la stratégie du cautère sur une jambe de bois. Pour seul remède, le ministère proposait de recourir au centre 15, dans l’espoir de dissuader les patients de se présenter sans raison sérieuse directement au service d’urgence. Il est vrai que certaines personnes consultent les hôpitaux pour de la « bobologie », mais c’est loin d’être le cas général. La situation préoccupante de « déserts médicaux » et le manque de médecins référents expliquent en grande partie ce problème. Quand on sait qu’il faut une dizaine d’années pour former un médecin, on mesure l’urgence à permettre l’accès facilité à ces études.
Tout se tient. Si les urgences sont saturées, c’est aussi parce que les personnes hospitalisées ne trouvent pas de place dans les autres services de médecine ou de chirurgie, pour libérer des places à l’accueil. Les médecins coordonnateurs du centre 15 ne peuvent pas créer de lits supplémentaires en claquant des doigts. Il faudra du temps pour rattraper les années de sous-investissement du fait d’une gestion purement comptable de la santé. Et le profil du nouveau ministre, ancien directeur de l’agence régionale de la santé de la région Ile de France, ne plaide pas en sa faveur. Patrice Peloux, figure emblématique des médecins urgentistes, ne voulait pas accabler l’ancien ministre, urgentiste lui aussi, mais réduit à l’inaction dans ce domaine. Que pourra-t-il dire du nouveau, sinon qu’il faut qu’il obtienne ce qui a été refusé à son prédécesseur ? Sa tâche sera compliquée du fait d’un possible conflit d’intérêts avec le domaine de compétence de son épouse, Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de la Caisse Nationale de l’Assurance maladie. Le ministre ne devra pas s’occuper ce ces questions, « déportées » à la Première ministre, ce dont personne ne sera dupe.