L’épreuve du feu
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 27 juillet 2023 10:34
- Écrit par Claude Séné
La multiplication des feux de forêt et le simple bon sens devraient inciter les derniers climatosceptiques à considérer le lien de cause à effet entre le réchauffement observé de la température moyenne sur la planète et les dérèglements liés aux phénomènes naturels comme très probable. Et cependant, les théories du complot concernant le climat n’ont, semble-t-il, jamais été aussi florissantes. Les bobards ont la vie dure, et la crédulité humaine n’a pas de limites. Que les plus hautes autorités scientifiques se trouvent d’accord pour déclarer que les températures relevées ces dernières années ne pourraient pas s’expliquer sans prendre en compte le réchauffement climatique dû à l’activité humaine, ne suffit pas à convaincre.
Je soupçonne personnellement les propagandistes de ces théories fumeuses de ne pas être dupes eux-mêmes des arguments qu’ils avancent, dans le seul but de se rendre intéressants, croient-ils. Très souvent, ils manient des arguments pseudo-scientifiques pour donner une cohérence factice à leurs propos et se faire passer pour des spécialistes, ou des penseurs plus intelligents que les vrais théoriciens du dérèglement climatique. Tout est bon pour promouvoir des arguments fallacieux. Un des derniers moyens mis en œuvre consiste à affirmer que les relevés de température seraient faux, car basés sur des échelles faussées. Le bon vieil argument qui consiste à casser le thermomètre pour faire croire que la fièvre est retombée. Selon cette théorie, l’agence spatiale européenne aurait modifié sa procédure de récolte des données en mesurant la température au sol, où elle est plus élevée, et non dans l’air, ce qui pulvériserait artificiellement tous les records précédents. C’est faux, bien entendu, et il n’entre nullement dans les attributions de l’ESA d’établir ces relevés.
Au contraire, que ce soit l’Organisation météorologique mondiale, ou l’observatoire européen du climat, Copernicus, ainsi que des experts de tous pays, tous sont d’accord pour constater que juillet sera sans doute le plus chaud jamais enregistré depuis que les mesures existent, après un mois de juin déjà record. Malgré l’évidence, les réseaux sociaux continuent à regorger de fausses informations basées sur des rumeurs ou des éléments mal interprétés, d’autant plus difficiles à combattre qu’ils s’alimentent mutuellement. Les algorithmes développés par les promoteurs de ces véritables usines à trolls proposent systématiquement des liens renforçant des convictions établies, sans jamais proposer de contre-exemples, introduisant un semblant de doute cartésien. Au contraire, les victimes de ces intoxications sont invitées à se défier de tout langage scientifique. Nous sommes au royaume de la superstition et de la croyance, où chacun s’imagine pouvoir s’octroyer son quart d’heure de célébrité en propageant de fausses nouvelles, ou s’en approcher en les relayant, d’un simple clic. Tels des Gribouilles, ils se jettent à l’eau de peur d’être mouillés.