Touche pas à ma BAC !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 24 juillet 2023 10:55
- Écrit par Claude Séné
Après la mise en examen de quatre policiers de la Brigade anti criminalité de Marseille, et la mise en détention provisoire de l’un d’eux, pour leur participation présumée au tabassage d’un jeune homme de 21 ans, Hedi, pendant les émeutes du 1er au 2 juillet dernier, les syndicats de policiers ont appelé à une forme de grève du zèle pour protester contre un traitement qu’ils jugent « dégradant et dangereux ». C’est à mon tour de me déclarer stupéfait de cette réaction. À aucun moment, je n’ai entendu un quelconque responsable se prononcer sur la réalité des faits qui sont reprochés aux fonctionnaires de police mis en cause.
Et c’est quand même le plus important. Pour le patron de la police nationale, « un policier n’a pas sa place en prison, avant un éventuel procès », sous-entendu, quoi qu’il ait fait. Les policiers de Marseille ont fait une véritable haie d’honneur, à leurs collègues à l’issue de leur audition par l’IGPN, selon diverses sources des mots d’ordre ont appelé à limiter l’action policière au strict minimum, et certains se seraient mis en congé maladie en signe de protestation. Les faits, s’ils sont avérés, sont graves. Hedi a d’abord reçu un tir de LBD à la tête. Il a ensuite été roué de coups par plusieurs individus, apparemment des policiers. Il a été victime d’un traumatisme crânien, risque de perdre son œil gauche et a subi une ITT de 60 jours. Une vidéo montrant l’agression, bien que floue, a entraîné une forme de reconnaissance des faits par les mis en cause. Selon les syndicats, les policiers n’ont fait que leur travail de maintien de l’ordre dans des conditions difficiles, ce qui est un aveu déguisé d’une situation d’exception qui leur aurait échappé.
Pourquoi cette détention provisoire ? elle était demandée pour les 4 policiers pour éviter qu’ils ne se concertent sur une version inexacte des faits. Une éventualité tout à fait plausible si l’on se réfère à l’affaire Nahel. L’autre éventualité serait le trouble à l’ordre public, qui n’est pas exclu, tant les bavures policières se succèdent, donnant l’impression d’une forme d’impunité pour les supposés garants de la paix sociale, notamment dans les rangs des polices « spéciales » comme la Bac, la Bri, les CRS, voire la Brav-M. Sans compter les polices parallèles, l’antiterrorisme, la sécurité intérieure, le contre-espionnage, j’en passe probablement, qui ont dû remplacer les Renseignements généraux d’autrefois. Nul ne doit être au-dessus des lois dans un état démocratique, et les violences dites « légitimes » doivent être très encadrées afin que les représentants de la loi soient extrêmement contrôlés. C’est notre protection qui est en jeu, et c’est aussi la leur. Pour être des citoyens « au-dessus de tout soupçon », il convient qu’ils soient exemplaires, et si nécessaire, la règle commune doit s’appliquer, ni plus, ni moins.