Anatomie d’une chute
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 3 juin 2023 10:45
- Écrit par Claude Séné
Je ne fais pas partie des privilégiés qui ont pu voir le film de Justine Triet qui a décroché la palme d’or au Festival de Cannes 2023 et je ne peux donc pas vous donner mes impressions en avant-première, pour ce qu’elles valent, c’est-à-dire très peu, en regard de la notoriété automatique acquise par un long métrage quand il reçoit la récompense suprême, un peu comme un prix Goncourt pour la littérature. Je me contenterai de le voir en salle, comme tout un chacun, lorsqu’il sortira cet été. C’est donc d’une autre chute dont il va être question ici, celle du président des États-Unis le 1er juin dernier.
La chute de Joe Biden lors d’une cérémonie de remise de diplômes dans le Colorado a été plus spectaculaire que vraiment grave. Mais elle attire l’attention sur une certaine fragilité du Président, que ses détracteurs ont immédiatement attribué à son âge, 80 ans sonnés. D’autant que ce n’est pas la première fois qu’il se prend les pieds dans le tapis. Il a déjà trébuché en montant la passerelle de son avion privé, Air force one, et fait une chute en vélo l’été dernier. Et même s’il n’était pas tombé, sa démarche lors de ses apparitions publiques récentes était lente et hésitante, donnant l’impression qu’il pourrait s’envoler au moindre coup de vent. Il ne s’agit pas d’une maladresse chronique, comme celle de l’ancien président Gérald Ford, dont on disait qu’il était incapable de faire deux choses à la fois, telles que marcher en mâchant du chewing-gum, ce qui le conduisait régulièrement à s’emmêler les pinceaux et à chuter. Concernant le 46e président, la question se pose, et se posait déjà lors de sa première élection, de sa capacité physique à faire le job.
S’il est élu pour un deuxième mandat, il devra assumer les responsabilités du poste le plus exposé de la Terre jusqu’à ses 85 ans, alors qu’un argument de sa première campagne consistait à expliquer qu’il ne ferait qu’un mandat, voire moins si sa santé ne le lui permettait pas. Beaucoup de Démocrates plaçaient leurs espoirs sur la candidate plus jeune, battue aux Primaires, mais qui allait former un « ticket » gagnant avec Joe Biden, Kamala Harris. Elle aurait pu représenter une alternative, mais sa vice-présidence n’a pas imprimé les esprits, et elle ne semble pas faire le poids en face d’un Donald Trump plus populaire que jamais. Le commentaire du probable candidat Républicain à la chute du Président en exercice m’a surpris par sa sobriété, à laquelle il ne nous a pas habitués. Il s’est même fendu d’un « j’espère qu’il n’a pas été blessé ». Il est vrai qu’il n’est pas particulièrement bien placé pour critiquer l’âge du Président, lui qui n’a que 4 ans de moins que Joe Biden, et qui devra affronter aux élections primaires le gouverneur de Floride, Ron De Santis, un « jeunot » de 44 ans.