« Un échec collectif »
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 2 juin 2023 10:46
- Écrit par Claude Séné
C’est ce qui ressort de plus clair de la déclaration du ministre de l’Éducation après le suicide de la jeune collégienne de 13 ans qui s’est donné la mort pour en finir avec le harcèlement scolaire et social dont elle était la victime. Si monsieur Pap Ndiaye veut signifier par cette phrase la faillite de l’ensemble de l’institution scolaire à tous les échelons, on ne peut qu’être d’accord avec lui. S’il s’agit d’une tentative de s’exonérer de ses propres responsabilités, c’est évidemment inacceptable. Déclarer que tout le monde est coupable ne peut pas vouloir dire que personne ne l’est.
Si l’on remonte la chaîne qui a conduit Lindsay au suicide, on est atterré. Au premier chef, il y a de quoi être sidéré du comportement haineux de certains jeunes, qui se sont déchaînés sur les réseaux sociaux pour insulter et menacer la jeune adolescente, sans que rien ne se passe pour les mettre hors d’état de nuire, et il semblerait que de tels propos continuent à être publiés impunément. Je ne suis pas naïf et je sais pertinemment que la cruauté des enfants des uns envers les autres existe et peut se déchaîner par effet de meute. C’est à la société, et donc aux adultes, de s’organiser pour empêcher ce type de dérive. L’institution scolaire quant à elle, n’a clairement pas été à la hauteur. Très localement, les personnels, qu’il s’agisse des professeurs, du service de santé scolaire, de la hiérarchie du collège, n’a pas su prendre la mesure de la situation et mettre en place des mesures conservatoires, probablement par manque de formation et d’information pour faire face à ce genre d’évènement. Il serait toutefois trop facile de mettre tous les errements de l’éducation sur le dos du collège, alors qu’il s’agit d’un problème national, qui touche pratiquement tous les établissements.
Au-delà des instances départementales et régionales, c’est le ministère lui-même qui aurait dû prendre cette question à bras-le-corps, et depuis longtemps. La nomination de Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation avait fait naître des espoirs. Il ne semble pas être capable d’y répondre. Sa déclaration intervient tardivement, plus de deux semaines après la mort de Lindsay, et dans ce laps de temps, il n’a pas réussi à joindre la famille pour lui exprimer sa tristesse et sa solidarité. Cet échec collectif me paraît être en premier lieu le sien, lui qui n’a pas réussi à faire mieux que son prédécesseur, déjà catastrophique. Il semble pourtant que des outils techniques existent ou sont en passe d’être mis au point, grâce au développement spectaculaire de l’intelligence artificielle. Des algorithmes seraient capables de reconnaître des contenus haineux et permettraient de filtrer les messages à caractère insultant afin de protéger des personnalités particulièrement exposées. Pourquoi ne pas étendre ces dispositifs et les imposer aux plateformes qui ne veulent pas faire de modération au nom d’une liberté d’expression dévoyée ?