Apartés artistiques
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 28 mai 2023 09:05
- Écrit par L'invitée du dimanche
Apartés artistiques
À l’église Saint-Louis des Français de Rome, la découverte de trois toiles du Caravage, grandeur réelle, fut un véritable choc émotionnel. Depuis ce jour-là, il est devenu pour moi une référence artistique !
Revenue à Rome 25ans plus tard, dans plusieurs églises, à la galerie Borghèse, à la galerie Pamphili, au Palazzo Barberini… je me suis fait une orgie de Caravage !
Admirative et émue par la contemplation de ses créations, même les plus sanglantes, j’ai eu envie de retracer en condensé l’histoire (très mouvementée) de ce génie, qui a révolutionné la peinture du XVIIe, dépassant l’art de la renaissance rationnelle et calme, pour ouvrir la période baroque.
Michael Angelo Mérisi est né en 1571 à Milan, puis réfugié pendant la peste à Caravaggio (dont il prendra le nom d’artiste) désigné comme un pays de voleurs et d’assassins, où il est bercé par un bain de brutalité, il se voit offrir par le marquis de Caravaggio qui a remarqué ses peintures au charbon sur les murs du village, un séjour de quatre ans d’études d’apprentissage du métier de peinture à Milan.
On lui doit l’utilisation de la lumière dans son clair-obscur, après une première période où ses modèles sont de jeunes éphèbes, physiques ambigus (il était vraisemblablement homosexuel aussi bien que Michel-Ange, Vinci…) ses toiles au traitement profane ou mythologique lui procurent un succès foudroyant.
Il se rend à Rome, il dilapide son argent dans une vie débridée et par besoin accepte les demandes de peintures religieuses, son talent intéresse les cardinaux (dont son protecteur le cardinal Del Monte et Borghèse) les riches ambassadeurs…. Dans son art, il se confronte à la double contrainte religieuse et profane, il peint pour mettre l’obscur en lumière, il refuse d’idéaliser les personnages bibliques représentés sous les traits de n’importe quelle rencontre. Il conjugue les contrastes du beau et du laid, qui débouche sur un réalisme, une harmonie, qui capte le regard, avec le goût de la mise en scène et l’importance du sujet humain.
Exprimant la violence qui est en lui, il peint splendeur et horreur, l’effroi, sans retenue, il profite de sa réussite pour s’imposer à ses commanditaires. Il peint tout, il ose tout, tout est excessif et splendide, exprimant une surestimation narcissique. Il connaît des démêlés avec la justice pontificale qui contrôle le traitement des images, pour ses interprétations débridées et païennes.
Dans sa vie dissolue, il tue en duel un adversaire, accusé de meurtre, obligé de fuir Rome, il s’exile à Naples, puis Malte, où il sera poursuivi pour tentative de sodomie sur un fils de dignitaire, emprisonné, il fuit en Sicile d’où il part pour Naples, puis Rome. Il meurt en chemin à Porto Ercole en 1610, sans savoir que le pape lui a accordé sa grâce. On sait grâce aux recherches ADN sur son squelette qu’il est mort d’une septicémie au staphylocoque doré.
Après un temps d’oubli, le XXe siècle reconnaîtra son génie, oubliant sa réputation sulfureuse, ses 80 toiles sont réparties dans les plus grands musées du monde, on peut voir trois de ses œuvres au Louvre…
Au début de sa vie misérable, il était une victime cherchant à survivre, au milieu de sa vie il a eu droit à la reconnaissance, au succès et à l’argent, mais la fin de sa vie a été marquée par un délire narcissique qui l’a rendu victime de lui-même, faisant de lui un peintre maudit !
L’invitée du dimanche