Énergumènes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 18 mai 2023 10:48
- Écrit par Claude Séné
C’est le mot qui me paraît le plus approprié pour désigner les personnes qui ont agressé lundi soir un chocolatier bien connu à Amiens, au seul motif de son lien de parenté avec la femme du président Emmanuel Macron. En effet, Jean-Baptiste Trogneux est le petit-neveu de Brigitte Macron, mais il n’exerce aucune responsabilité ni même activité politique qui pourrait de près ou de loin s’apparenter à un soutien de l’action de son grand-oncle par alliance. Au sens premier du Robert, un énergumène désigne une « personne exaltée qui se livre à des cris, à des gestes excessifs dans l’enthousiasme ou la fureur ».
Mais au sens étymologique, un énergumène est une personne possédée par le démon, proche du forcené, du fanatique, de l’enragé, voire du fou furieux. Il est encore trop tôt pour dire ce que les trois suspects ont fait et établir leurs responsabilités individuelles. Ils comparaîtront le 5 juin pour répondre de leurs actes. Ce qui apparait d’ores et déjà, c’est que leur comportement a fait beaucoup de tort à la cause qu’ils prétendent défendre, puisque les faits se sont déroulés au cours d’une « casserolade » visant la réforme des retraites. Ils jouent donc le rôle « d’idiots inutiles » en amenant l’ensemble de la classe politique, y compris les opposants à la réforme, à condamner cette action violente, que rien ne justifie. Comme il fallait s’y attendre, des tentatives de récupération se sont produites des deux côtés. Les partisans du président ont beau jeu de dénoncer l’opposition, rendue responsable de ces dérèglements, et de prétendre que les condamnations ne sont pas sincères, voire de chercher à tout prix des justifications inexistantes. De son côté, Jean-Luc Mélenchon, au lieu de se contenter d’une dénonciation sans appel, semble chercher à mettre des nuances là où elles n’ont pas lieu d’être.
Moi-même, il m’est difficile de commenter ce fait-divers sans que mes propos puissent laisser entendre quelque forme de justification que ce soit. Par exemple, dire que cet épisode a quelque chose de sidérant dans le niveau de haine et de détestation du chef de l’état qu’il révèle, ne doit en aucun cas être considéré comme une apologie de l’action violente, et c’est pourtant un fait. Mais il est rendu inaudible par le contexte. C’est là une conséquence du piège diabolique tendu à leur insu par les énergumènes en question, par ailleurs déjà connus des services de police. Pire encore, les tenants de l’ordre à tout prix en profitent pour développer une rhétorique infernale, selon laquelle la violence physique envers les personnes tirerait sa source de la violence envers les biens, elle-même engendrée par les propos violents. Si l’on pousse le raisonnement jusqu’au bout, on en arriverait à interdire la liberté de penser ou de manifester hors de l’ordre établi, ce qui semble le Graal auquel aspire une partie de la classe dirigeante.