Jusqu’où ne pas aller trop loin ?

La guerre d’agression de la Russie de Monsieur Poutine sur le territoire ukrainien n’est pas seulement militaire depuis que l’offensive russe et sa tentative de prendre le pouvoir à Kiev ont piteusement échoué. Les Occidentaux ont soutenu l’Ukraine depuis le début des hostilités, tout en prenant bien garde que leurs actions ne puissent pas être considérées comme des actes de guerre à l’égard de la Russie. Emmanuel Macron l’a même précisé expressément : « nous ne sommes pas en guerre avec la Russie », a-t-il déclaré.

C’est la raison pour laquelle la France ne s’est pas engagée à livrer des avions de chasse réclamés par le président ukrainien, de crainte qu’ils ne soient utilisés pour combattre les Russes dans la profondeur, sur leur propre territoire. Des précautions dont l’armée russe ne fait pas usage, comme en témoigne le raid aérien mené la nuit dernière sur Kiev, qui n’a pas réussi, malgré une puissance de feu exceptionnelle, à faire autant de dégâts qu’espéré par Poutine. Si l’on observe la progression de l’aide militaire apportée à l’Ukraine depuis le début de l’agression, il y a un peu plus d’un an, on peut voir que les alliés ont procédé par petits pas successifs. Les chars légers sont progressivement accompagnés de blindés plus lourds et le simple fait de proposer des formations aux pilotes ukrainiens sur des avions similaires à ceux de l’OTAN implique la livraison d’appareils à plus ou moins brève échéance. Les Ukrainiens, officiellement, n’envisagent que des actions défensives et le retour aux frontières d’avant l’annexion de la Crimée en 2014. Toutefois, des raids, tels que la destruction du pont de Crimée, même s’ils n’ont pas été revendiqués, ne sont pas à exclure.

Malgré de grandes gesticulations et menaces de la télévision d’état à Moscou, les réactions russes à chaque franchissement d’une étape dans l’armement de l’Ukraine ont été proportionnées. Le recours au nucléaire tactique, souvent évoqué, semble peu probable désormais. Alors que l’armée russe est obligée d’attendre le déclenchement de la contre-offensive annoncée et dont ils ignorent l’emplacement exact, des signes avant-coureurs semblent indiquer des dissensions et des failles dans l’unité russe. En particulier, le chef de la milice Wagner, Evgueni Prigojine, fait l’objet de rumeurs mettant en doute sa fidélité au pouvoir de Monsieur Poutine. Il est même accusé de négociations avec les services secrets ukrainiens pour obtenir un retrait à son profit dans le secteur de Bakhmout en échange de l’abandon de positions de l’armée régulière russe. Une accusation démentie par l’intéressé, mais parfaitement crédible, tant l’oligarque russe a démontré son absence de scrupules et la recherche d’augmenter sa fortune et son pouvoir à titre personnel, au point d’être présenté comme un possible successeur de son « ami » de toujours. Les Ukrainiens n’auraient pas donné suite à cette proposition, faute d’une confiance suffisante dans la parole du chef de Wagner. Comme on les comprend !