Comme un lundi
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 15 mai 2023 11:11
- Écrit par Claude Séné
Il y a des semaines comme ça où rien ne semble se détacher vraiment dans l’actualité. J’attendais avec intérêt les résultats des élections en Turquie, avec l’espoir que l’autocrate qui dirige le pays d’une main de fer depuis une vingtaine d’années en désignant le peuple kurde comme bouc émissaire, entre autres vilénies, et soutient Wladimir Poutine sous couvert de neutralité dans son agression de l’Ukraine, qui a un pied dans l’OTAN et l’autre à l’extérieur et qui paraît « franc comme un âne qui recule » selon l’expression consacrée, Recep Tayyip Erdogan, allait subir une défaite électorale sans appel pronostiquée par les sondeurs.
Il n’en est rien, et si le recul du président sortant est acté et qu’il devra passer par un deuxième tour dans deux semaines, ce n’est qu’un lot de consolation, comme lorsque François Mitterrand avait contraint en 1965 le grandissime favori des sondages et président sortant Charles de Gaulle, à un ballotage inattendu. Les éditorialistes politiques sont donc, comme moi, restés sur leur faim, contrairement à Emmanuel Macron, qui a profité de la tournée européenne des popotes de Volodymyr Zelenski pour renouer avec la tradition des banquets républicains, des agapes élyséennes ou des gueuletons diplomatiques. C’est dans ce genre de circonstances que le pouvoir doit regretter de s’être séparé d’un François de Rugy, spécialiste du homard bien qu’il démente en manger personnellement. Le menu du soir est resté confidentiel, mais on sait que le dîner s’est prolongé assez tardivement et l’on imagine que la gastronomie reste une arme secrète de la diplomatie française, que le Royaume uni n’est pas près de nous ravir si l’on en juge par les casse-croûtes royaux du couronnement.
À ce propos, les nostalgiques de la royauté qui s’extasient sur le faste des festivités d’outre-Manche ont peut-être été refroidis par les mauvaises manières des royalistes français de l’Action française manifestant violemment à Paris, à la manière des Camelots du roi ou des Croix de feu fascistes dans les années 30. Alors il nous reste en guise de consolation notre participation au concours de l’Eurovision, avec une modeste 16e place sur 26 pays en compétition. Ne comptez pas sur moi pour critiquer le choix d’une chanteuse québécoise pour représenter la France, bien que cela me fasse bizarre de l’entendre désigner notre vieux continent sous le terme d’outremer, ce qui est paradoxal pour nous qui considérons l’outremer plutôt du côté de nos territoires éloignés, vestiges d’une époque coloniale révolue. Par contre, son attitude à l’énoncé du verdict des votes est surprenante avec un geste qui ressemble à s’y méprendre à un doigt d’honneur. Je voudrais cependant la remercier du fond du cœur au nom de tous les contribuables français, d’avoir su une nouvelle fois nous préserver de la tâche coûteuse de l’organisation du concours pour la 46e année consécutive.