Au travail
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 14 mai 2023 10:36
- Écrit par L'invitée du dimanche
C’est sur cette injonction que je commence ce billet, décidée à mener une petite investigation autour de ce concept, préoccupation du moment !
J’ai ouvert là une sacrée boîte de Pandore, plusieurs billets ne suffiront pas à la vider ! Je vous fais grâce de l’étymologie qui n’emporte pas l’adhésion générale, seule une définition classique : « activité rémunérée qui permet la production de biens et services, facteurs de production ».
C’est oublier un peu vite qu’il existe aussi le travail forcé, dont l’histoire est lourde de tragédies, qui a retenu toute mon attention, car il sévit encore en Asie, en Afrique… où plus de 260 millions d’individus sont enchaînés à leur emploi, par un cercle vicieux d’endettement, dans un esclavage que l’on dit moderne ! Le plus insoutenable étant celui réservé aux enfants, selon l’OIT, 85 millions de 5 à 17 ans sont soumis au travail forcé, subissant maltraitance, violence physique, morale, exploitation sexuelle. La pauvreté, la faible éducation, la défaillance scolaire, les crises humanitaires en sont les causes, créant une barrière au développement économique et social.
Il y a aussi le travail forcé des délinquants de droit commun, condamnés à vie aux travaux les plus durs, pas seulement à Cayenne, mais aussi en Nouvelle-Calédonie, à Nice, au Havre, à Brest, on leur doit le creusement du canal jusqu’à Nantes… aboli en 1946 dans les territoires d’outre-mer, et sur tout le territoire le 4 juin 1960, remplacé par la réclusion criminelle à perpétuité.
Les 1 100 000 Polonais déportés pour un travail forcé par l’URSS en Sibérie, entre 1940 et 1941 ne sont presque rien au vu des 12 millions de travailleurs forcés des camps de concentration « Arbeit macht frei » ! 163 726 compatriotes ont été déportés pour le service obligatoire du travail en 1943,
La Russie applique encore la peine du travail forcé, les goulags ne sont pas fermés, la Chine, la Corée du Nord, ne sont pas en reste !
La belle déclaration de 1848, « toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes du travail, et à la protection du chômage » restera une déclaration, marquant la défaite du prolétariat. Faute d’entente entre les républicains modérés, et la gauche républicaine radicale et socialiste (ça nous évoque quelque chose), Napoléon III réussira son coup d’État.
L’assemblée générale de l’ONU, en septembre 2015, a pris une résolution: « nous éliminerons le travail forcé et la traite des êtres humains, et mettrons fin au travail des enfants sous toutes ses formes… » promettant de rallier 50 états membres de l’OIT pour l’appliquer. À ce jour, on compte seulement huit ratifications du protocole de 2014.
L’OIT n’est qu’une toute petite équipe, manquant de ressources, tributaire des donateurs, c’est un observateur indispensable, mais pas suffisant. Elle note cependant une baisse notable de 40 millions d’enfants au travail entre 2008 et 2012, grâce au rôle de la société civile, complémentaire du rôle des états.
Les revendications pour la retraite à 62 ans, à l’aune de la situation mondiale, paraissent indécentes… ! Redonner tout son sens à la déclaration de la révolution de 1948, devrait être une cause internationale !
Un sourire pour illustrer ce décalage :
Deux ouvriers brestois se croisent dans le tram, l’un demande à l’autre « tu travailles aujourd’hui ? » « Non, je vais à l’arsenal* »
L’invitée du dimanche
*base militaire