Y a-t-il un ministre…

… pour piloter l’éducation ? La question peut légitimement se poser quand, à l’occasion d’un déplacement en province, le présumé ministre de l’Éducation accueille le président de la république comme s’il était simplement le régional de l’étape, au même titre que les autres subordonnés du chef de l’état. Lorsqu’il s’agit de parader et de faire des annonces supposées flatteuses et populaires, Emmanuel Macron ne laisse à personne le soin de se mettre en avant. C’est donc lui qui a présenté la réforme du lycée professionnel à Saintes, après avoir fait déminer tout le périmètre pour débusquer la moindre trace de casserole malsonnante.

Le président jouait sur du velours en s’adressant à un public ultra jeune, peu politisé et surtout intéressé pour se prendre en photo avec n’importe quelle célébrité. Pour verrouiller la communication, il avait pris soin de ne pas venir les mains vides. Pour la modique somme de 50 à 100 euros par semaine de stage, il pense pouvoir acheter auprès des lycéens une paix sociale qui lui fait cruellement défaut du côté des adultes, notamment sur le sujet des retraites. Car, tel le capitaine Haddock, le président a beau changer sans arrêt de sujet, il ne parvient pas à se débarrasser de ce sparadrap qui passe d’une main sur l’autre, lui colle à la peau et l’oblige à jouer à cache-cache avec les manifestants. Alors, même si c’est pour brasser du vent, la présence du chef de l’état pour la moindre décision concernant le ministère de l’Éducation est requise.

A contrario, son absence révèle en creux le désintérêt pour une question annoncée pourtant comme prioritaire, celle de la mixité sociale à l’école. Le sous-chef de service, soi-disant ministre, Pap Ndiaye, n’a même pas pris la peine de présenter ses orientations personnellement et publiquement. Il s’est contenté d’une communication minimale par le truchement de WhatsApp. Au bout du compte, aucune mesure nouvelle, mais des vœux pieux et des recommandations de pure forme. Pourtant, on le sait, la mixité sociale recule, et notamment dans les établissements privés où le nombre de boursiers est notoirement insuffisant. Pap Ndiaye a déjà subi le mécontentement populaire en tant que membre d’un gouvernement responsable de la casse sociale, ce qui l’a empêché de se déplacer à son gré. Il est désormais menacé par l’opposition des Républicains, prêts à défendre bec et ongles les privilèges des établissements privés. Gérard Larcher, le président du Sénat a exprimé publiquement sa détermination à conserver les avantages concurrentiels de l’enseignement catholique en demandant solennellement au président de la République de ne pas rallumer la guerre scolaire, dont la hache a été enterrée en 1986. Quand Pap Ndiaye a accepté le poste de ministre de l’Éducation nationale, alors qu’il était plutôt classé à gauche, on s’est demandé ce qu’il venait faire dans cette galère. Près d’un an plus tard, la réponse est : rien !

Commentaires  

#1 jacotte86 13-05-2023 14:00
désolant...comment le mirage du pouvoir peut transformer un personnage intéressant en marionnette
Citer