La montée de la recrudescence *

Il y a des jours, comme ça, où le chroniqueur hésite à commenter un fait plus qu’un autre, tant les sujets paraissent également incontournables. Ainsi, la rencontre prévue entre la Première ministre et les syndicats, qui aurait pu donner lieu à une « chronique d’un échec annoncé », avec pour seul enjeu la durée d’une réunion qui ne pouvait que tourner court, s’est fait voler la vedette par la publication d’une rafale de sondages, plus sensationnels les uns que les autres. Et si ces deux infos renvoyaient à un seul et même sujet ?

En effet, ce que l’institut Elabe a mesuré, c’est un peu de la politique fiction. Que se passerait-il si l’on recommençait l’élection présidentielle de l’an dernier, avec les mêmes candidats, dans le contexte actuel ? Une situation qui ne risque pas d’arriver, pour un tas de raisons. Mais le résultat est instructif. C’est le Rassemblement national et Marine Le Pen qui en sortiraient gagnants, et au 2e tour, l’extrême droite accèderait à la présidence de la République avec un score sans appel. Ce que l’on appelle parfois le « plafond de verre », ou le front républicain, qui agissait comme une digue dans un réflexe de survie, ne serait plus suffisant. Pire, même. Le président actuel a réussi à cristalliser tous les mécontentements contre lui, au point de faire remplacer le « tout sauf Le Pen », par « tout sauf Macron ». Le président ne pourra pas se représenter en 2027, mais aucun membre de sa famille politique actuelle ne semble en mesure de faire mieux, ni Édouard Philippe, ni Bruno Le Maire, ni Gérald Darmanin et encore moins François Bayrou, selon l’IFOP.

On voit par là qu’à force de mépriser l’opinion et de vouloir gouverner seul, Macron fait monter inexorablement le Rassemblement national, qui profite plus que la gauche de ces poussées d’orgueil. Toutefois, Marine Le Pen ne semble pas en mesure de disposer d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, malgré le laminage du groupe « Ensemble », résidu de l’ancienne majorité. Il en résulterait une France coupée en trois, où la NUPES pourrait former le groupe le plus nombreux. Ce qui amènerait à un pays ingouvernable, avec une forme de cohabitation improbable si les rapports de force en restaient là. La prochaine présidentielle est encore loin si le mandat d’Emmanuel Macron va jusqu’à son terme. Ce qui laisse du temps pour éviter le pire. Le gouvernement aura beau foncer dans le mur en klaxonnant, il ne peut plus vraiment l’éviter du fait de l’obstination présidentielle. Sa seule chance de sauver la face réside dans le Conseil Constitutionnel, s’il avait la bonne idée d’outrepasser un peu ses attributions en récusant toute la procédure hors normes qui a permis de faire passer cette loi par un trou de souris. Une petite entorse qui arrangerait tout le monde.

* Luis Rego, Tribunal des flagrants délires.

Commentaires  

#1 Jacotte 86 07-04-2023 13:14
Je vote pour les 3 raisons à la fois ...des politiciens émérites pense qu'il ne fera pas un quinquennat entier
Dieu les entende!!!!
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