La grenouille française et le bœuf chinois
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 7 avril 2023 11:18
- Écrit par Claude Séné
Le président Emmanuel Macron va terminer aujourd’hui une visite d’état de trois jours en République populaire de Chine. À cette occasion, il aura manié la brosse à reluire, beaucoup, et la critique, très discrète. Pas un mot concernant les Ouïgours et les droits de l’homme largement bafoués par le pouvoir du Président Xi Jinping, par exemple, le statut du Tibet et du Dalaï-lama n’est plus à l’ordre du jour, pas plus que le conflit larvé avec Taïwan. Officiellement, le sujet du jour concerne uniquement le conflit en Ukraine, pour lequel la Chine se pose en médiateur.
Pour Emmanuel Macron, le but du jeu c’est d’apparaître capable de discuter d’égal à égal avec la deuxième puissance économique mondiale, et de distribuer les bons et les mauvais points aux dirigeants les plus puissants de la planète. Ça le change agréablement des manifestations franco-françaises, où son nom est régulièrement hué, et où il en est réduit à rabaisser le secrétaire de la CFDT pour tenter de l’humilier, en vain, d’ailleurs. Comme la grenouille de la fable, le président français s’enfle et se travaille, maniant l’éloge, en flattant son homologue chinois, capable de ramener la Russie à la raison, tout en pratiquant une menace implicite au cas où les Chinois fourniraient des armes aux Russes. La sanction serait terrible : un tel geste « nuirait significativement à la relation » avec l’Union européenne, appelée en renfort pour l’occasion. Pas de quoi émouvoir le « bœuf » chinois, totalement concentré sur le seul adversaire qui vaille vraiment à ses yeux, les États-Unis d’Amérique, avec qui il mène une guerre économique sans relâche, dans le but de le dépasser dans la compétition internationale.
À cet égard, la France ne compte pas énormément pour la Chine, pour qui elle n’est guère qu’un tigre de papier, selon la célèbre expression de Mao. Il suffit de regarder la balance commerciale entre les deux pays pour comprendre que nous sommes vassalisés. Et ce n’est pas la brochette de chefs d’entreprise venus quémander des marchés avec le puissant concurrent qui pourra masquer cette réalité. Nous aurons beau nous gonfler de toutes parts pour jouer les importants comme notre président, l’influence de la France sur les équilibres internationaux est proche du néant. Emmanuel Macron a déjà commis la même erreur dans ses relations avec Wladimir Poutine, en le ménageant outrancièrement, soi-disant pour ne pas humilier la Russie. On a vu le résultat d’une diplomatie immédiatement interprétée comme un signe de faiblesse, voire un encouragement à l’expansionnisme forcené du maître du Kremlin. Nous n’avons pas encore fini, nous et surtout les Ukrainiens, de payer le prix de cette politique, dont on ne sait plus comment la qualifier. Soit de la naïveté, de la faiblesse, soit de l’incompétence pure et simple.