Un pyromane à l’Élysée ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 20 mars 2023 10:37
- Écrit par Claude Séné
Le président de la République s’est mis dans une situation impossible en multipliant les faux-pas sur la réforme des retraites, jusqu’à se trouver devant une alternative dont les deux branches étaient également insatisfaisantes. Soit il laissait l’Assemblée nationale voter, et il savait que selon les derniers décomptes la loi ne recueillerait pas de majorité, et son orgueil ne s’en remettrait pas, soit il passait en force en utilisant le 49.3, et les conséquences en étaient totalement imprévisibles. Et le résultat ne s’est pas fait attendre. Pour la première fois dans cette crise démocratique, les manifestations de colère se sont multipliées spontanément.
Les fameux « casseurs » que les syndicats avaient réussi jusqu’ici à tenir à distance ont fait leur réapparition, comme si le chef de l’état avait mis le feu aux poudres en prenant la décision de trop, l’étincelle provenant du mépris total des institutions, en plus des simples citoyens, ceux qui « ne sont rien », selon Emmanuel Macron. Le calcul est clair. En dramatisant volontairement la situation, le chef de l’état espère créer un mouvement de sympathie à l’égard de sa personne et des députés qui le soutiennent encore, ou au moins un rejet des fauteurs de trouble. Les personnalités de l’ancienne majorité présidentielle et certains journalistes qui les relaient, somment la gauche de condamner ces violences en laissant croire que l’opposition en serait responsable ou les soutiendrait. Alors que l’on voit bien à qui profiterait ce type de désordres.
Malgré une propagande intensive, les Français ne s’y sont pas trompés. La popularité du président est au plus bas avec seulement 28 % d’opinions favorables. Il a même le culot de souhaiter que la réforme aille « au bout de son cheminement démocratique », alors qu’il n’a même pas commencé. Que la motion de censure soit votée ou non aujourd’hui, la plupart des observateurs politiques estiment que la Première ministre devra quitter ses fonctions avant l’été, faute d’une légitimité suffisante. Elle-même assume de servir de « fusible » au président, qui est pourtant le véritable responsable de toutes ces erreurs et ces errements, comme chacun le sait. Il y a pire. Emmanuel Macron s’est servi de la menace d’une dissolution de l’Assemblée nationale pour tenter d’obliger les Républicains à le soutenir, en vain. Mais cette mesure pourrait devenir incontournable, faute d’un accord fiable entre le centre droit macroniste et la droite classique, qui paralyserait totalement l’exécutif. Dans le contexte actuel, les effectifs de députés favorables au président fondraient comme neige au soleil et le Rassemblement national pourrait tirer les marrons du feu. On sait que Macron craint de rester dans l’histoire comme le président qui a permis à l’extrême droite d’accéder au pouvoir, je le soupçonne de vouloir jouer avec le feu en créant les conditions d’une telle catastrophe sans attendre la fin de son mandat.