À table

La tradition française veut que l’on mange trois fois par jour, petit-déjeuner, déjeuner, dîner, on y ajoute parfois un goûter, surtout pour les enfants. À l’heure où l’inflation alimentaire dépasse 15 %, et où les salaires n’augmentent pas, diminuant considérablement le pouvoir d’achat des citoyens, tout le monde peut-il se nourrir aussi régulièrement ?

Sous la pression du gouvernement, Bruno Le Maire ayant décidé le « trimestre anti inflation » jusqu’au mois de juin, les grandes surfaces proposent « le panier anti inflation », toutes, sauf Leclerc qui y voit une vaste opération de communication, s’ingénient à faire des propositions supposées soulager le budget alimentaire des familles, surtout les plus modestes. L’initiative est intéressante même si les commerçants y trouvent leur compte, puisque tous les produits qu’ils proposent sont de marque distributeur sur lesquels elles ont la maîtrise.

Dans le détail, le panier propose surtout des produits de base, farine, pâtes, café, huile, pommes de terre… quelques produits frais, yaourt, lait, chou, brocoli, bananes, peu de viandes… ou de qualité médiocre, à l’origine de menus qui encouragent l’obésité.

À y regarder de plus près, cette initiative ne touche pas ceux qui aimeraient manger trois fois par jour et ne le peuvent pas ! Ils font partie d’une catégorie sociale dont le revenu mensuel est inférieur à 1000 €. On estime que 900 000 étudiants, budget moyen 600 à 900 €, 2 millions de familles monoparentales, 5 700 000 retraités, 787 € de minimum contributif par mois, chômeurs touchant l’indemnisation minimum, 4 650 000 bénéficiaires du RSA, 768,60 €… se tournent vers les restos du cœur, secours populaire, secours catholique*. Ils savent faire les fins de marché, fréquenter les épiceries solidaires, acheter des produits fin de consommation, et de moindre qualité, tout pour réduire au maximum la dépense alimentaire, la troisième du budget après le logement et le transport.

Les enfants sont particulièrement touchés par cette inflation, car dans les cantines, les municipalités ont le dilemme, faire payer aux familles le supplément de prix de revient des repas, ce qui conduit certaines familles à les retirer, les privant d’un repas équilibré par jour, ou de modifier les menus en qualité !

Pour un « heureux » couple de retraités ayant 1768 € de revenus, on estime le loyer à 700 €, l’alimentation 500 €, la santé 200 €, l’auto 200 €, les vêtements 50 €, reste 100 € pour les loisirs.

Ils ne seront, hélas, que 40 000 sur les 5 700 000, à bénéficier de l’éventuelle remise à niveau de leur pension à 1200 € promise par le gouvernement selon des calculs savants !!!

L’estimation me paraît juste pour le poste alimentaire, j’ai évalué mes dépenses pour des menus raisonnables, à 11 € par jour, soit 330 € par mois, pour une personne seule.

On comprend alors qu’un salarié au SMIC à 1353 €, plus 150 € d’allocations, avec deux enfants, s’il veut se loger, se déplacer et nourrir correctement sa famille, verra arriver la fin du mois le 15, panier alimentaire ou pas, il rejoindra le rang des travailleurs pauvres, et moi j’aurai honte de mon confort et de mon pays qui ne peut nourrir correctement ses concitoyens !

L’invitée du dimanche

*Que dire des exclus des grandes surfaces en zone rurale, otages des petits commerces, ayant eux-mêmes du mal à résister à la concurrence où une simple banane coûte 60 centimes au lieu de 30 centimes !!!