Banqueroute

En dehors des problèmes franco-français liés à la gestion désastreuse d’un projet de réforme des retraites parfaitement superflu, mal ficelé et profondément injuste, la crainte d’un retour de la crise financière est au centre des préoccupations de beaucoup de nos compatriotes. Même si la plupart des gens ne possèdent qu’un modeste livret d’épargne, quand ils peuvent se le permettre, ils sont inquiets du risque que ces petites économies soient perdues du fait de la faillite du système bancaire, comme certains épargnants qui ont perdu gros au moment de la crise des subprimes, ou certains candidats à la propriété, dépouillés de leur maison par des financiers indélicats.

Le signal d’alarme a été tiré par l’effondrement de trois banques américaines, dont la Silicon Valley Bank, et une banque helvétique, le Crédit Suisse, à la suite du relèvement des taux de crédit par le Fonds monétaire international. Sans remonter au déluge, un petit rappel historique démontre que les ressorts de ces crises successives sont souvent les mêmes. Au commencement était le troc. Au pire, si l’échange ne convenait plus aux acteurs économiques, il suffisait de reprendre son bien de part et d’autre. Puis, les sociétés se sont mises d’accord sur une ou des monnaies d’échange, représentatives des biens économiques. Ces pièces étaient parfois en or, un métal reconnu comme précieux, ou pouvaient être échangées contre de l’or, selon un barème accepté de tous. Enfin l’avènement du papier-monnaie puis du système sophistiqué d’actions ou d’obligations diverses et variées utilisé dans des Bourses a signé la déconnexion entre le symbole de l’argent et la valeur elle-même. Les monnaies ont été confiées à des banques, qui s’engageaient à garantir la convertibilité des espèces sonnantes et trébuchantes grâce à leurs stocks d’or.

Hélas, l’appât du gain pousse naturellement les banquiers à faire « travailler » l’argent qui leur est confié, et très fréquemment, ils ne conservent qu’une petite partie des liquidités qui seraient nécessaires à rembourser les déposants s’ils s’avisaient de le demander tous en même temps. Il est donc primordial d’éviter un mouvement de panique où les clients des banques décideraient massivement de changer d’établissement. La confiance est donc l’élément principal pour éviter les crises, et le développement des ordres « en ligne » permet des mouvements massifs de capitaux en une poignée de secondes. C’est ainsi que l’état Suisse devrait être obligé de verser 50 milliards d’euros pour renflouer le crédit Suisse, et que cela risque de ne pas suffire, au point que le concurrent, UBS, envisage de le racheter, en faisant une bonne affaire, on l’imagine. Le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, aura beau vouloir rassurer les épargnants, la spéculation va bon train, et les canards boiteux seront inévitablement attaqués, car la confiance est le bien le plus précieux pour un secteur bancaire toujours exposé, et elle ne se décrète pas.