À la guerre comme à la guerre
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 21 janvier 2023 10:48
- Écrit par Claude Séné
L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe il y a un an, et la guerre qui s’en est suivie, a démontré s’il en était besoin que la force nucléaire détenue par les pays alliés au sein de l’OTAN ne suffisait pas à dissuader ses adversaires de mener contre eux une attaque « conventionnelle », avec des blindés, des avions, des missiles, des bateaux de guerre, et au bout du processus des hommes pour occuper le terrain chèrement acquis ou conservé. De son côté, la Russie, si elle brandit fréquemment la menace d’une frappe nucléaire, ne semble pas décidée à passer aux actes, dont elle souffrirait presque autant que ses adversaires.
Ces menaces ont amené les pays européens à réexaminer leur politique militaire, dans des proportions sans commune mesure avec les budgets de temps de paix, même si des conflits localisés n’ont jamais complètement cessé depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. C’est ainsi que l’Allemagne a changé radicalement de point de vue. Le chancelier Scholz a débloqué 100 milliards d’euros pour moderniser l’armée allemande, et s’il se fait tirer l’oreille pour la livraison de chars lourds à Kiev pour l’instant, c’est pour conditionner son engagement à celui des États-Unis afin de s’opposer à la Russie de Wladimir Poutine. Ces considérations géopolitiques ne sont sûrement pas étrangères à la décision du président de la République de consacrer 413 milliards d’Euros sur la période 2024-2030 à la loi de programmation militaire. Le projet prévoit notamment le remplacement total des avions de chasse Mirage encore en fonctionnement par des Rafales, plus modernes, mais dont un seul exemplaire vaut entre 68 et 78 millions selon le modèle. Et l’armée française devrait en acquérir 99 pour remplacer les anciens chasseurs de combat.
Je n’ai pas les compétences pour apprécier si ces sommes colossales sont dépensées judicieusement. Pas plus que je ne sais si le « quoi qu’il en coûte » était la bonne réponse à la crise, et pourquoi il ne le serait plus. Ce que je constate, comme tout un chacun peut le faire, c’est que la France reste un pays globalement riche, bien qu’inégalitaire, et que des marges de manœuvre existent, au moment où le gouvernement et le président prédisent une apocalypse budgétaire et la disparition de notre modèle social si l’on avait la sottise de ne pas dire amen à toutes leurs idées, présentes, passées ou futures, pour nous sauver malgré nous. De la même façon qu’il faudrait faire une confiance aveugle à nos dirigeants pour éviter d’être entraînés dans un conflit généralisé, qui nous pend au nez si l’on n’arrête pas à temps le chef du Kremlin. Sur ce point, Zelenski a raison. Le seul langage que comprenne Poutine, c’est le rapport de forces, et le ménager serait pris comme un aveu de faiblesse.